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Disques

Fight Bite – Fight Bite

Fight Bite - S/T

Suspens ou flottaison ? Sur la pochette d' »Emerald Eyes », Fight Bite arrêtait le geste d’une femme à gants noirs : porte saisie ou pas ? Comme il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, la pochette de leur second disque montre une autre femme, nue en plan rapproché, flottant floutée sur un divan, pas si éloignée des photographies d’Antoine d’Agata. Maintenant que Beach House perce de plus en plus en France et que son passage sur Fun Radio n’est après tout qu’une question de mois, il va peut-être falloir aux moins rockuptibles de notre lectorat un produit de substitution. Et si c’était Fight Bite ? Leur premier disque brillait d’un diamant gros comme le Koh-i-Noor : « Swissex Lover » que l’usage a consacré l’un de nos morceaux préférés sur le mode contemplatif. Comme une histoire d’amour, nous n’y reviendrons pas. Mais « Fight Bite », alors ? (ou « S/t » comme on dit aussi…). Où donc en est notre aimable duo texan ? Sur les franches brisées d' »Emerald Eyes », car les chats, on le sait, ne font pas des chiens. Compression à violons numériques d’un son Spector appliqué à un imaginaire This Mortal Coil – soit des femmes-sirènes se dissolvant dans l’éther – la musique de Fight Bite séduit toujours autant par sa carnation, quelque chose de pâle et de translucide qui luit dans la pénombre. Un air de pompe (les boîtes à rythmes lointaines, le mariage consanguin écho-réverb’) en accentue paradoxalement la fragilité. Il est à peu près clair que tout le monde ne goûtera pas ses sucreries tragiques jetées à la face de la nuit, mais nous oui, plutôt deux fois qu’une. Et pas que pour le charme du souvenir, ces morceaux à prénoms seuls (presque tous) qui évoquent immanquablement le « Treasure » chéri des Cocteau Twins (influence revendiquée, notamment sur « Belle » et la montée à pic dans l’aigu de Leanne Macomber ). Godard décrivit un jour le « Plaisir » de Max Ophüls comme une porcelaine de Saxe contenant tout le romantisme allemand ; Fight Bite, de façon infiniment plus modeste, capture l’essence de la dream-pop dans une bonbonnière arc-en-ciel. On se croirait revenu aux bijoux d’un sou qui prenaient si bien la lumière sur la pochette du premier Beach House. Cousin encore secret, guère disponible que sur leur bandcamp en téléchargement payant (et Spotify), ce deuxième Fight Bite chuchote, pâmoise et bouleverse tout du long, mais c’est le coeur du disque, qui frappera le plus de « Christiane X » à « Michael » (les amateurs apprécieront l’intro Joy Division de « Celeste »). Une bande-son idéale pour qui aime belles endormies et Noëls introspectifs.

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