C’est avec un oeil neuf que j’ai abordé ce disque de Tue-Loup, dont c’est le neuvième long format. Il y a toujours cette appréhension de ne pas trouver ses marques dans un univers qui a existé bien avant ces neuf (encore) titres. Puis j’ai sauté, j’ai pris mon courage à deux mains.
Et aussitôt, comme à chaque fois depuis, la voix de Xavier Plumas me capture, pendant que le froid s’infiltre dès les premières notes de l’entrée en matière « Le Couchant », malgré les arrangements qui dénotent une chaleur, une tension qui me parcourent, via ces guitares électrisées et électrisantes, ces ambiances qui sentent la terre, la forêt et les paysages balayés par le vent (« Les Grandes Marées »). Il faut suivre, suivre dans leurs déambulations Plumas et Thierry Plouze à la guitare, eux qui n’hésitent à pas à quitter le sentier balisé pour aller y pécher quelques notes de jazz (« Mark-Mark » avec sa fausse chaleur, ses notes de piano qui précèdent l’embrasement éphémère avant que le froid ne revienne), quelques rythmes remuants discrètement distillés (« Les Abysses ») ou les riffs fougueux de « En partance ». Mais tout n’est pas que rudesse, même si l’on sent que le groupe sarthois aime le goût de la bataille, des climats orageux (« Jouvence »), des histoires sombres (« Marinette »), mais sans jamais l’imposer de façon frontale et brutale. L’apaisement guette d’ailleurs au détour d’une embardée, qui fait dévier joliment le disque, sans l’affecter. Cet apaisement réconforte, à l’instar de la poésie qui émane du magnifique « Les Chevauchées », où la dimension intime permet le rassemblement autour d’une orchestration plus chaleureuse. Le loup ne hurle plus et il n’est plus question de froid. Tue-Loup a touché au plus juste, a su doser la chaleur et l’ardeur pour m’emmener dans son univers. J’y ai pris goût, à ce disque « 9 », neuf comme une première rencontre qui en appelle d’autres, quitte à prendre la discographie à rebours : en attendant, je savoure encore « 9 » pour ce qu’il est, un album racé et à la personnalité affirmée.