La musique de ce Français ne m’était pas complètement inconnue, j’avais un peu écouté « Here and Now » à l’époque de sa sortie, et j’étais donc curieux d’écouter ce nouvel album. Il a fallu pas mal de temps avant qu’il voie le jour, mais ce temps n’a pas été du temps perdu, car les chansons sont toutes ciselées, écrites à la perfection. Les influences de David Fakenahm auraient pu le submerger : on ne se frotte pas sans soucis à des géants comme Neil Young, The Byrds ou R.E.M., mais lui s’en sort avec une aisance désarmante. Qui ne le lâche pas tout au long du disque d’ailleurs, car il passe d’ambiances presque pop à arpèges à une atmosphère americana sans aucun souci. Le début du disque est en effet feutré, avec cette voix caressante et grave qui se love contre la sobriété de cette mélodie faite de guitares et d’une flûte, sur des arrangements discrets. Le peu d’esbrouffe et la sincérité des chansons n’empêche pas l’émotion de pointer, sur « Nina », ballade déchirante, comme « Distant Love » ou « My Blues » (les premières notes m’évoquent « The One I Love » de R.E.M.). Les titres les plus enlevés comme « Beautiful Guitar » ou « I Remember » ont ce petit quelque chose qui les rend attachants : non seulement il y a ce son encore une fois très R.E.M., mais aussi une générosité et une patine qui sent l’artisanat sincère et passionné. Cette envie se ressent et c’est avec plaisir que j’ai suivi David Fakenahm sur cette superbe bal(l)ade au long cours qu’est « You’re My Woman », d’où émane une grande sérénité, comme sur l’instrumental « 27 ». A l’heure de la musique rapide, consommée sur le même tempo, « One Thing Remains » préfère proposer le temps qui passe, la subtilité et la générosité comme ingrédients : le choix payant pour un très beau disque, attachant au possible.
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