La Rocéphine est un médicament, dont on devine en filigrane qu’elle a eu une importance pour Thomas Belhom. Le Français signe son troisième album en solo, depuis qu’il ne fait plus équipe avec Naïm Amor. Mais il y a longtemps que le musicien a gagné ses gallons, et son écriture ciselée, riche et pourtant modeste, séduit sur la durée tout en ouvrant des portes où l’auditeur peut s’engouffrer sans hésitation. Sans frontières, on retrouve un aspect très désertique (pour lui qui a vécu en Arizona, ça n’a rien de très surprenant) qui embrasse pourtant beaucoup de styles, rendant le disque parfaitement inclassable. Jamais là où on l’attend, Thomas Belhom mêle ainsi la pluie (« A Meaning Shoveful of Promises » avec l’immense Stuart Staples et sa voix envoûtante, « L’Avancée en moi », sur la maladie, titre très fort) aux paysages les plus arides (« Excursion », « Champignon agréable », « Local Loco »), la colère qui gronde (« Go TV ! ») au calme le plus serein (« Ciel »). L’album est un véritable cheminement, où chaque morceau tisse une toile avec celui qui le précède et amorce celui qui suit. La rêverie, l’imaginaire trouvent ainsi naturellement leur place et suivent la trajectoire non rectiligne de Thomas Belhom, qui passe du français à l’anglais avec la même aisance qu’il passe d’une ambiance à une autre. Sans jamais être pesant, bien ancré dans une histoire personnelle qui mêle les joies et les peines, Thomas Belhom nous entraîne dans un univers passionnant avec ce disque subtil.
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