« @baxterdury en concert acoustique à 20h @truskelclub ».
Vous aurez reconnu là l’inimitable style télégraphique de Twitter, par lequel j’appris lundi qu’aurait lieu in extremis (ne pas prononcer le « s » pour filer la rime en « i ») un concert de Baxter Dury. Acoustique. Autant dire que même si je venais de choper un mémorable coup de soleil en bossant au fin fond d’un département injustement méconnu de l’Ile-de-France, je n’allais pas passer à côté de ça. Dans le métro, en proie à la fatigue, je doutais de mon entrain et me posais les questions existentielles qui finissent par assaillir tout semi groupie qui se respecte. « Et si c’était nul ? Et si y avait trop de monde ? Et si j’étais trop loin et que j’entendais rien ? Faut-il nécessairement boire de la bière dans un pub ? »
Mais bon, tout de même, Baxter Dury. Dont les amis français ont beaucoup d’amis semble-t-il, puisque le Truskel est quasi plein. Je rejoint les miens accoudés au bar au fond de la salle, là où on est dans le passage et où on voit pas grand-chose (mais où on peut s’accouder au bar). Le concert ayant un peu de retard, je me retrouve par le plus grand hasard avec une pinte dans les mains (panurgisme quand tu nous tiens), l’impatience point, quelqu’un soumet l’idée de partir directement au resto, mais mince, on est venus là pour voir Baxter, on reste.
Il débarque avec une guitare acoustique, s’installe sur un tabouret de bar, et se met le public dans la poche en deux phrases. Il nous dit que c’est la première fois, qu’il n’est pas tout à fait sûr du résultat, qu’il va nous proposer des versions épurées de ses chansons. Un set « raw and emotionnal » dans le texte. Six chansons, deux pour chaque album. Sans chœurs féminins ni arrangements, on voit combien ces trois albums sont différents, les morceaux de « Len Parrot’s Memorial Lift » (2002) conservant leur douceur mélancolique, la simplicité des mélodies étant facilement transposable à la guitare. Les morceaux plus récents, comme « Claire », où la voix féminine et les claviers sont très présents en temps normal, sont scandés à demi-mots, tranquillement, la guitare donnant la mesure. Baxter blague entre les morceaux, s’amuse, transforme le concert en conversation avec le public, à la façon d’un Dean Martin britannique. Le set se termine par une version épique de « Cocaine Man », où Alister (le chanteur français, apparemment à l’origine de ce concert surprise) débarque sur scène pour nous inviter à chanter en yaourt avec lui. Six chansons, c’est court, mais c’est bon.