Rattrapage, stupeur et tremblements : CYRK est un disque qu’on a beaucoup écouté – quoique tardivement, après sa sortie – et pour lequel on hésite encore entre adhésion et perplexité. Il se découvre perpétuellement avec une certaine surprise, mais ne s’apprivoise au fond qu’assez peu. Galloise chanteuse affiliée plus d’une fois à Gruff Rhys, Cate Le Bon réussit le tour de force inusité d’évoquer à la fois Nico et Maureen Tucker. De la première, sans conteste, vient cette froideur sexy-rigide qui tient l’auditeur à aimable distance – renforcée par son accent – tandis qu’elle doit à la seconde une sorte de naïveté enfantine mise à mal par des textes le plus souvent acerbes. Ce mariage singulier fait absolument merveille dans les plus belles chansons de CYRK : « Puts Me To Work » est animé d’une étonnante vibration velveto-kinksien (si c’est possible) ; « The Man I Wanted », presque parlé, se soutient à un petit orgue placide qui jette son suc le temps d’un refrain tout chiffonné. Mais pour le reste – et voilà notre bémol – les compositions se perdent un peu dans la grisaille comme si le Velvet du troisième album s’était noyé dans le fog. La production jette sur le papier des idées biscornues (roue de vélo et piano emballé sur « Through The Mill ») avant de les étouffer dans le mix sans autre forme de procès. Le faux diptyque final, « Ploughing Out 1+2 », résume bien l’affaire : éclatant – par endroits – mais aussi lancinant, éclaté et d’un psychédélisme pop un peu trop light pour être parfaitement opérant . A mûrir avant d’autres fruits plus beaux.