Il n’est pas loin de 22h lorsque j’embarque sur l’i.Boat, autrement dit, il est trop tard pour que je puise assister à la prestation de Papier Tigre, ce que je regrette, a fortiori quand les personnes qui y étaient me disent tout le bien du concert de ce soir. Ce qui ne me surprend pas en effet.
Mais je suis du coup parfaitement à l’heure pour Duchess Says, sans trop savoir à quoi m’attendre. J’avais bien vu des vidéos intenses, mais est-ce que c’est ainsi chaque soir ? La réponse, je l’ai eue rapidement. C’est fou, à la fois parfaitement mené (le groupe derrière est implacable, sans baisse de tempo, une vraie locomotive) et complètement instable, avec une Annie-Claude Deschênes, au chant, qui se donne comme personne d’autre sur scène. Les premiers rangs se prennent sa dépense d’énergie, ses regards hallucinés, ses cris mais aussi sa générosité en pleine face. Parce que, une fois que les chansons sont passées, les pogos terminés, elle se montre extrêmement sympathique et drôle. Mais quand la musique revient, c’est une autre personne, elle électrise la foule, des premiers rangs compacts et pleins de sueur au fond de la salle où les danseurs peuvent bénéficier d’espace. Bien des titres de Duchess Says incitent en effet à la dépense physique, avec des lignes de basse hypnotiques, des sons grinçants venant de claviers ou de guitares toujours abrasives. « Mayakovski », « Time to Reiterate », « Antepoc » ou « Narcisse » sont des chansons qui prennent tout le monde aux tripes, au corps, c’est un exutoire parfait, c’est du post-punk et bien d’autres choses, il y a même des spectateurs qui viennent sur scène enlacer Annie-Claude, ça danse, toujours intense, toujours sur la corde raide entre la violence des sons et l’énergie positive. La foule épuisée, Annie-Claude au regard perçant mais que l’on devine fatiguée, c’est la fin du concert, un spectacle formule tout compris : front-woman époustouflante, groupe irréprochable pour chansons explosives. Duchess Says, c’est de la dynamite !
