On avait quitté Barbara Carlotti il y a de cela quatre années sur un splendide disque d’été gorgé d’hédonisme et de poésie insulaire. La revoici aujourd’hui, comme changée. Changée car elle est entre-temps partie prendre l’air sous d’autres latitudes (Inde, Japon, Brésil) histoire de bousculer ses habitudes et de se confronter au monde et à ses cultures multiples. Si l’élégance et la sophistication estampillée « sixties » de ses précédents essais sont toujours de mise, la musique de Barbara y a gagné en maturité. Elle apparaît désormais plus luxuriante, plus ambitieuse. Plus trouble aussi. Moins légère dans le fond comme dans la forme.
Ainsi, tout au long de « L’Amour, l’Argent, le Vent », la belle déroule, de sa voix unique, le fil d’un voyage atmosphérique aux confins du réel et de la nuit, alignant les mini-symphonies pop tantôt mélancoliques et hypnotiques quand elle évoque l’infidélité, l’insomnie ou les périples sans retours (« Dimanche d’Automne », « Grande Autoroute » et « Nuit Sans Lune »), tantôt euphorique et espiègle lorsqu’elle joue la femme-enfant le temps d’un tube bondissant (« Occupe-toi de moi ») ou fait ressurgir les bribes stroboscopiques d’une jeunesse passée au son des eighties insouciantes (« Quatorze ans »). Tout cela drapé dans des vapeurs capiteuses de chœurs, cordes, claviers vintage et instruments « exotiques » (sitar, koto, flûte chinoise) audacieusement arrangés par quelques maîtres es french-pop parmi lesquelles figurent l’homme-orchestre Fred Pallem, l’électronicien Benoît de Villeneuve et une équipe de musiciens aussi habiles qu’érudits, Jérémie Régnier et Benjamin Esdraffo en tête. Une réussite.
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