Derrière tout projet, il y a une volonté, en l’occurrence ici, c’était celle de ce prof de musique comme on en croise peu. Des élèves qui ont autre chose à chanter que de la variété, et Laura Veirs qui donne son nom à cette troupe suite à une première rencontre concluante, et un enregistrement qui ne l’était pas moins. Mais Patrice Cleyrat a eu une idée folle, faire venir Jason Lytle de Grandaddy, amadoué par la reprise par la chorale de 4 titres que le musicien fit figurer sur la page MySpace du groupe. De fil en aiguille, le projet se monte, et Jason Lytle cale trois dates dans l’Ouest avec ces jeunes. La soirée devenait réalité…
Mais en avant, il y eut plus précoce. Les enfants de l’école primaire accolée au Krakatoa ont en effet bénéficié de la présence de deux Crane Angels et appris deux chansons. L’une écrite par leurs soins, l’autre était « The Messenger » des Crane Angels. Le résultat était absolument adorable, les deux « grands » dirigeant gentiment les « petits », qui ont pris l’exercice avec sérieux.
La suite fut donc assurée par les Crane Angels, à dix sur scène, pour un set toujours plus électrique. L’ambiance générale se fait un poil plus sombre, plus psychédélique, plus pesante. Je me rends compte que je suis vraiment devenu un fan quand résonnent les premières notes de « The World » ou « Five Years », sur lesquelles je m’époumone et abîme les tympans de ma douce (pardon encore !) : intérieurement, j’espère que le titre ne disparaîtra jamais de la setlist du groupe, qui fait désormais très puissant et cohérent, sans avoir laissé trop de la folie des débuts.
Puis vint le tour d’installer la petite vingtaine de collégiens et lycéens qui assuraient la chorale, au soutien de leur prof donc (qui ne s’est pas privé de s’amuser de la situation), du groupe – très correct – qui accompagnait la troupe, et enfin le trio de cordes avec un hautbois en renfort. Bref, du monde sur scène quand Jason Lytle arrive, sous les vivas d’une salle qui comptait un grand nombre de représentants de la scène indé locale (mais aussi de Clermont !). Il y a presque un côté solennel dans tout ça. Qui tombe à moitié : pas un bruit pendant les morceaux, qui permettent vite de se rendre compte qu’il y a probablement un travail colossal derrière : c’est beau, tout le monde est en place, la chorale s’accorde à merveille aux chansons de Grandaddy (ou celles de Jason Lytle aussi) et l’atmosphère a quelque chose de chaleureux. C’est assez indescriptible en mots, mais les chansons héritent d’un caractère moelleux qui rend le spectacle captivant et très agréable pour les oreilles. La setlist y est aussi pour beaucoup (« He’s Blind, He’s Dumb, He’s the Pilot », « Hewlett’s Daughter », « Jed’s Other Poem » entre autres, y compris des titres plus obscurs), car nombre de ces chansons n’avaient pas été entendues live depuis un bon moment, et en tout cas pas dans ces conditions. Et la fin du concert sonne comme un retour à la réalité : la fin de la saison du Krakatoa ne pouvait se faire sur un plus beau moment que celui de Jason Lytle et le Young Rapture Choir.