Au sein de l’Amicale des Très Recommandables Jeunes Groupes Pop Qui Chantent En Français (l’A.T.R.J.G.P.Q.C.E.F. donc) qui compte notamment dans ses rangs Lescop, La Femme, Granville ou Marc Desse, Aline a d’abord fait quelques tours de piste sous le nom Young Michelin, annonçant dès 2009 le retour des jeunes gens modernes et des amis de Sarah Records. Ils viennent de sortir un nouvel EP parfait pour l’été, « Je bois et puis je danse », qu’ils défendaient sur scène il y a quelques jours à la Maroquinerie.
J’ai filmé Young Michelin il y a deux ans sur la scène du Truskel, et je dois avouer que j’étais restée un peu sceptique face à leur dress-code sous-pull à une rayure colorée et leurs chansons aux paroles boyscoutesques comme « Les Eclaireurs sont des renards ». Mais il y avait quand même cette chanson, « Elle m’oubliera », qui m’était restée en tête pendant des mois avec sa mélodie d’une implacable efficacité.
Et puis il y a quelques mois, le clip de « Deux hirondelles », a rappelé les Young Michelin, enfin Aline, à mon bon souvenir au moment où une grande partie de la presse musicale (re)commençait à chanter leurs louanges. Plein de bruit et de fureur joyeuse, le concert de la Maroquinerie a été à la hauteur de leur nouvel EP, qui boucle sur ma platine et dans ma tête depuis un mois.
Deux morceaux, le temps de se mettre en jambe, et Aline attaque « Deux hirondelles », une chanson qui se chante très bien en formation chorale. On commence à dodeliner de la tête et à chantonner les paroles, paroles qui resteront dans votre tête pour toujours et qui ressurgiront à des moments très opportuns de votre vie – quand vous entonnerez « Je me fous de vous » en plein rendez-vous avec votre conseiller Pôle Emploi par exemple.
La suite est un enchaînement de tubes plus tubesques les uns que les autres, une pluie de guitares claires et de réverbs réjouissantes, comme sur la ballade smithienne « Hélas » avec sa très distinguée ligne de guitare et sa complainte au mélodica dans le fond.
Quand vient « Je bois et puis je danse », une évidence s’impose : pour épater les copains et les copines sur la plage cet été, il va falloir penser à retourner ses manches de chemise mais surtout se mettre aux congas. Alors oui, c’est pas mal encombrant et c’est impossible à transporter sur un fixie, mais les congas c’est le truc qui fait de « Je bois et puis je danse », chanson déjà très à la coule au départ, une machine à danser qui me donne envie de réhabiliter des expressions comme « bath » et « la classe à Dallas », – même si je soupçonne fortement que ça a toujours été ringard comme expressions.
La deuxième moitié du concert est plus électrique, Aline nous dévoilant son côté punk sur « Elle m’oubliera » ou « Teen Whistle », puis sur l’instrumental « Les Copains » en premier rappel, après une reprise de « Please Please Please » des Smiths qui me laisse espérer que leur premier album comportera quelques morceaux mélancoliques, la voix de Romain Guerret se prêtant vraiment bien à ce genre d’exercice.
Le concert se termine sur « Les Eclaireurs », et le groupe jusque là très concentré et sérieux se lâche un peu pour nous livrer un final en forme de joyeux bordel. Comme j’aime bien le joyeux bordel, et peut-être un peu parce qu’en ce moment c’est l’euphorie du président des bisous et des beaux jours qui reviendront sûrement, je change d’avis sur cette chanson et me laisse embarquer par ces Eclaireurs qui sont peut-être des écureuils ou des renards mais de toute façon je n’entends plus que les guitares. Vivement la suite.