Axiome : la pop globale parle une langue commune, son Dieu bifide (bon/méchant ?), le « mainstream », communie à chaque seconde en milliers de clics avec une planète oublieuse et dépassée. Quel rapport avec nos orfèvres dandynets suédois de Miike Snow, tout fringants de leur second album « Happy to You » ? Pleins ou pas ?
Détaillons : leurs éminences principales, Christian Karlsson et Pontus Winnburg, ont fourni le monde en tubes de synthèse pour Britney Spears, notamment (le résistible/irrésistible « Toxic »). Et les voici sur leur versant indé polissant une pop à accroches électro savamment fagotée avec plein de petits bruits, zéphyrs de pianos, tambour tambourinant comme les cailloux du Petit Poucet. C’est dire que le groupe maîtrise la masse et le détail, la foule hurlante d’adolescentes et celle faussement assagie de trentenaires Bref toujours preneurs de papouilleries dans les oreilles. « Happy to You » est donc mignon et rêveur, un peu lassant aussi. Il parvient à intervalles presque réguliers à réveiller l’intérêt avec de jolis bibelots : « The Wave, « Devil’s Work », « Pretender » et « Paddling Out ». A ses moments les meilleurs, on croirait les Nits de « Nescio » en plein Retour vers le Futur. Ou des Shoes audiogéniquement déprimés. Ou Peter, Björn & John après un stage réussi de production r’n’b’ cryptée. A bien réfléchir aussi, un coup de vent enverrait valser tout ça sans grand problème. Mais les tempêtes ne s’attaquent pas aux gentils disques réfugiés dans un trou de souris. Surtout quand ils ont des airs de chagrin d’enfant. Offrons leur un bonbon et caressons-leur la joue, parce que le global n’est plus qu’un lointain souvenir.