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Blue Sky Black Death & Nacho Picasso – Lord of the Fly

Blue Sky Black Death & Nacho Picasso - Lord of the Fly

Récemment distingué par les magazines Pitchfork et Spin pour sa mixtape For the Glory, Nacho Picasso est un homme de son époque, il ne détonne pas au sein de la nouvelle génération hip-hop. A l’instar d’Odd Future, ce rappeur de Seattle parle davantage des aliénations d’une vie normale et désœuvrée que de gangsters, tout en mêlant à ses paroles enfumées et allumées une insolence et un sexisme crasses hérités du vieux rap.

A la manière de ses pairs, il s’abreuve aussi aux sources de la nerd culture, comme le prouvent ces pochettes à l’imagerie inhabituelle dans le rap, toutes en héroïnes heroic fantasy aux formes surnaturellement généreuses, et ses comparaisons avec des pharaons égyptiens ou des dieux grecs (« Tutankhamun », « I’m a Greek God »). Comme pour d’autres MCs de son temps, la drogue semble également une influence majeure, et elle se manifeste dans les paroles (« Naked Lunch ») comme dans ce rap rauque, trainard et nasillard qui laisse à penser qu’une consommation déraisonnée de psychotropes lui a grillé le cerveau.

Neurasthénique, indolent, limite soporifique, le flow de Nacho Picasso pourrait être lassant. Cependant, le rappeur a eu une bonne idée. Comme sur For the Glory, il a demandé au duo Blue Sky Black Death de signer les beats de Lord of the Fly. Et comme le démontre ce second essai que certains trouveront plus accompli que le précédent (en attendant de livrer un verdict définitif sur une récente troisième livraison, Exalted), c’est exactement cette musique là qu’il lui fallait. Rien de tel, en effet, pour renforcer l’atmosphère hallucinée des raps de Nacho Picasso, que cette sorte de trance hip-hop, que les beats gothiques et les nappes emphatiques avec lesquels le duo s’est fait connaitre depuis sa fructueuse collaboration de 2006 avec Holocaust.

L’alliance des deux fonctionne presque partout (visez « Rammin' », « Phantom of the Opera », « Tree Tops », « Maintain »), même quand ils s’essayent avec Century au jeu risqué du chant, sur « Lost Boys ». Qui plus est, la formule habituelle des deux producteurs, tout en synthés grandiloquents, se mêle ici de manière convaincante aux ambiances pesantes et sépulcrales issues du Memphis hip-hop des années 90, ou encore aux voix graves et déformées chères à DJ Screw, deux écoles dont la postérité semble sans fin en ce début des années 2010, en cette nouvelle décennie dont Nacho Picasso, avec cette mixtape où beaucoup de titres sont de franches réussites, résume au mieux l’esprit, l’ambiance, la direction et le génie propre.

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