Avec son tout premier EP, Hyphen Hyphen avait créé la surprise l’an dernier avec « Chewbacca I’m Your Mother« , sorte de trip electro-mystique aux traits exotiques dont les influences restaient identifiables (MGMT, Talking Heads, …). De ses compositions plutôt pop se dégageaient une énergie incroyable (plus perceptible encore en live), portée par la chanteuse Santa, dont la tessiture de voix plutôt grave parvient de façon soudaine à se hisser haut dans les aigus. Ce second EP, un peu plus d’un an après, confirme la voie prise par Hyphen Hyphen en terme d’exigence musicale, avec 5 morceaux extrêmement bien construits et qui témoignent de la volonté du groupe de se hisser au-delà du genre dans lequel il est né.
En effet, « Major Tom », qui ouvre l’EP, propose une transition avec son prédécesseur. Une séquences’achève et une nouvelle commence : en un an, Hyphen Hyphen a su gagner en puissance : le son est plus dense, plus assumé sur ce « Wild Union », qui semble conclure avec grâce un opus qui paraît déjà lointain . Ce second acte explore moins les styles mais davantage le son, l’atmosphère. On parlait de voix, c’est elle ici qui est pleinement mise en avant. « Atlas » semble être la réponse au « Never Ever » du précédent volet où il n’est nullement question d’une course affolée, mais d’une détente, une sorte de farce chip-tunesque où la voix va et vient, façon montagnes russes. « Wild Patterns » reste le morceau le plus explosif de Wild Union, avec son couplet extrêmement court (une voix dénudée, une basse et une guitare des plus discrètes et une rythmique on ne peut plus carrée) puis un refrain qui s’enchaîne immédiatement alors que nous n’avons à peine eu le temps de nous habituer au thème du morceau, brisant quelque peu les conventions pop. « MVT II » renoue avec le classicisme du premier opus du groupe, dans son côté « musique du monde », à la manière de « Baby Sweet Sweet », mais illustre à elle seule mieux que tous les autres morceaux l’énergie qui a fait la force du groupe jusqu’à présent. « Empty Fire » fait un peu figure à part, comme s’il annonçait lui même une troisième transition à venir. La voix, d’habitude mise en avant comme un instrument, semble ici avoir une autonomie au milieu de ce déluge sonore où s’invite même un accordéon, en décalage avec le répertoire électronique. Moins préoccupé par la performance musicale que par l’interprétation du texte, jusqu’à s’en briser la voix, Hyphen Hyphen démontre ici qu’il n’a pas que de l’énergie à revendre.
Il est toujours agréable de se trouver au milieu d’un changement, d’une évolution clairement perceptible comme celle opérée sur « Wild Union ». Hyphen Hyphen brouille quelque peu les pistes en nous offrant à la fois ce qui a fonctionné dans le précédent volet, tout en avançant ses pions, vers des influences dont lui seul a véritablement le secret. On ose espérer un troisième EP qui clôturerait ces deux premiers mouvements musicaux, mais le groupe a peut-être déjà d’autres plans. Un véritable premier album peut-être ?