Cette soirée s’annonçait sous le signe d’une pop hybride, une mignonne et un géant à l’affiche : Dillon et Rover. J’apprends quelques heures avant de passer le sas bien gardé de l’i-Boat que la protégée du label berlinois BPitch Control ne se produira pas pour des raisons de santé. Je sais encore moins ce que l’on nous réserve.
La germano-brésilienne a donc été remplacée par une artiste locale du nom de Charlie Plane. Les halos de lumière laissent entrevoir qu’on est bien en pleines vacances de printemps. La salle ne désemplira pas, au contraire. La jeune bordelaise assurera avec charme une première partie naturellement folk. Les compositions de la chanteuse me font penser à Alanis Morissette et Tracy Chapman. Je reste curieuse de voir ce que cela peut donner avec le groupe au complet. Elle le fera d’ailleurs remarquer.
Faisant fi des aléas météorologiques, appareils photo et mini-caméras sont de sortie. Un concours a été lancé. A la clé, un vinyle dédicacé par la tête d’affiche. Réglages et curieuses vues plongeantes détourneront parfois mon attention. Les gens n’ont pas hésité pour voir l’interprète. J’avais remarqué son nom en parcourant rapidement des programmations ou des articles de presse. Retenant principalement les jeux de mots insipides sur de quelconques véhicules tout-terrain. Je n’apprendrais que plus tard l’intérêt de cet artiste français pour cette marque de voitures anglaise. A l’air libre, je l’avais trouvé impressionnant par sa carrure. Lunettes de soleil et verre de vin à la main.
De New York à Beyrouth, il a fréquenté des musiciens et a construit ainsi ses jeunes années. Quelques références incontournables pour ce globe-trotter : les Beatles, les Beach Boys ou encore Bowie. Pour des questions de visa, il a dû revenir en France. Ce qui ne l’empêche pas de prendre à bras-le-corps son nouveau projet musical. Peu de temps après son arrivée sur scène, il nous demande s’il ne nous mène pas en bateau. Timothée Régnier, de son vrai nom, se gausse d’un tel premier degré. Le ton de sa voix et sa ressemblance avec Depardieu font maintenant écho. Il reprend instantanément son sérieux, quand il s’agit de faire sonner un accord de guitare ou de monter dans les aigus.
Depuis le début de cette année, il est accompagné d’Arnaud Gavini et de Didier Perrin. Le premier est présenté comme le batteur de ses rêves. Le deuxième, bassiste de prime abord bien flegmatique, m’étonnera pour ses harmonies vocales. Samy Osta, présent pour la partie production, n’en a pas fini avec le dandy. En live, il se charge d’ailleurs d’une deuxième guitare et de nombreux passages au clavier. « Aqualast » est reconnu dès les premières notes par le public. Rover flirte avec Interpol et me rappelle Muse. En plus des ballades bien senties, on découvrira deux nouveaux titres : « Lonely Man » et « Father, I Can’t Explain ».
L’écoute a posteriori du disque, notamment en replongeant dans « Tonight », m’a confortée dans l’idée de le suivre dans sa mélancolie. Les sessions acoustiques, glanées sur la toile, me touchent plus que le reste. En toute modestie, pourquoi ne pas le faire en tournée ? Je file avant un éventuel rappel. Il paraîtrait que ce ne soit pas dans leurs habitudes. Un personnage, à qui je n’ai pas envie de tourner le dos et qui se dévoilera encore pour quelques dates dans l’Hexagone.