De Deerhunter, Lockett Pundt est le joli garçon qui ne prend pas la lumière. A côté du blond ténébreux, Bradford Cox, dont l’absence de limites devient acquise, le brun tout mignonnet pose un peu au bonnet de nuit : pas de déclaration fracassante, aucune maladie mortelle, une sexualité qu’on imagine classique et, sous le nom de Lotus Plaza, une discographie solo forcément dans l’ombre de Atlas Sound, la datcha privée du sieur Cox. C’était sans compter le récent « Halcyon Digest » où Pundt signait, contre toute attente, « Desire Lines », l’un des meilleurs morceaux du disque. « Spooky Action at a Distance » se situe tout naturellement dans son prolongement : soit une très plaisante ligne claire shoegaze, si l’on peut imaginer. Un peu comme si Ride et les Field Mice convolaient en justes noces après s’être débarrassés de caractéristiques trop saillantes, ceinture-larsens de chasteté pour les uns, mélancolie plombante pour les autres. Très plaisant, l’album s’écoute d’une traite, mais la monotonie rythmique des morceaux les rend un peu interchangeables à l’exception de « Black Buzz », longue outro acoustique qui ne rivalise pas avec les meilleures divagations guitare-voix de Bradford Cox. Une production moins inventive pose clairement Lotus Plaza dans la case « produit dérivé », absolument pas honteuse en soi – rappelons nous Electronic, Monaco et même The Other Two… L’aimable sympathie que l’on trouve à « Spooky Action at a Distance » – majorée dans ses meilleurs moments (« White Galactic One », « Eveningness ») – nous ferait presque croire à la revanche des seconds couteaux : Lockett Pundt, ou le Doug Yule heureux de Deerhunter. On est de tout coeur avec lui.