En 2003, Andrew Bird quitte son groupe Bowl of Fire et se fait connaître grâce à « Weather Systems », son septième (!!!) album. « Weather Systems » est un disque plein de charme, de mélodies rafraichissantes, de sons de violons tourmentés et de sifflements enchanteurs. Cet album pour lequel il avait choisi d’utiliser la réverbération la plus organique de tous les temps (une bonne partie de l’album avait été enregistrée dans le silo d’une ferme du nord ouest de l’Illinois transformée en studio) n’avait laissé aucun de ses auditeurs indifférents : une voix claire et douce, des chansons intemporelles qu’on ne pouvait s’empêcher de siffloter plusieurs jours après leur écoute et la réhabilitation définitive du violon dans la musique pop. Un violon magique et omniprésent, qui balayait tous les clichés (country – folk américains) associés à cet instrument. Histoire d’enfoncer le clou, Andrew Bird avait accompagné la sortie cet album par une brillante tournée en solo, et une black-session époustouflante (je me souviens d’avoir été littéralement scotché au sol lors de la radiodiffusion de cette black-session n°229). Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts. Andrew Bird a, sorti quelques albums et EP. Après « The Mysterious Production of Eggs » (la continuité logique et directe de « Weather Systems »), Andrew Bird s’est essayé à créer des albums moins austères, plus « produits », en renforçant la présence de claviers, de percussions ou de guitares électrisées, tout cela sans jamais oublier ce qui fait sa force : ses mélodies.
Avec « Break It Yourself », pas vraiment de révolution. A la première écoute, on se dit : « Tiens, encore un nouveau Andrew Bird ! », et il faut bien avouer que cette première écoute ne déclenche pas un grand enthousiasme. Andrew Bird continue à tracer sa route. Une route en pente douce. Mais cette route est pavée d’arrangements classieux, et de mélodies (toujours) incroyables. Le violon sous toutes ses formes et les sifflements d’oiseau de paradis sont toujours là… Alors on y revient, pour une nouvelle écoute, et petit à petit, on se laisse guider, et la voix d’ange d’Andrew Bird nous emporte. Ensuite, on se rend compte que les mélodies de « Give it away » et « Sifter », les chœurs de « Fatal Shore », ou encore les pincements de violon de « Orpheo Looks Back » ne nous quittent plus… Que « Break It Yourself » devient un des disques qu’on écoute le plus, un album sans réel coup d’éclat, mais un album qui ne contient aucune chanson ratée, malgré ses quatorze titres. Andrew Bird est décidément un de ces magiciens de la pop, capable de sortir dans la presque indifférence des albums toujours magnifiques, des albums qui deviennent tous l’un après l’autre des compagnons fidèles de nos routes à nous, et « Break It Yourself » ne fait pas exception à la règle !