Désarçons, désarçonnez ! Lonely Drifter Karen, trio formé autour de l’attachante Tanja Frinta, revient sous des couleurs vives. Exit les airs de comédie musicale amadoués en folk gracieux : « Poles » souffle le chaud et le froid, grâce notamment à l’adjonction d’un guitariste français, Clément Marion. Le son s’est étoffé et on croirait, pour le meilleur, la Cath Caroll d' »England Made Me », ce chef-d’œuvre secret, produit par Hector Zazou. On désavouera d’emblée les deux premiers titres, l’un pour cause de clinquant, « Three Colors Red » (pitié, pas Kieslowski !) et l’autre, « Eyes of a Wolf », à l’exotisme Bel-cantien de trop mauvais aloi. Mais dès « Soul Traveler », suave, la vitesse de croisière est prise. et ne se démentira pas avec des pointes remarquables : le refrain ravageur de « Comet », « Velvet Rope » et son gimmick de basse-synthé, ou encore « Appetite » dont l’émotion ourlée nous rappellerait presque le morceau des Prefab Sprout du même titre. Si les années 80 sont le chaudron de Lonely Drifter Karen, le fumet qui se dégage de « Poles » n’échappe pas à l’air du temps : « Hunter to Heaven’s Wild » débute comme du Twin Sister avant de donner sa pleine mesure orchestrale à la façon des Nits. Et Lonely Drifter Karen – qui doit se rappeler d’une vieille scie d’Arno – témoigne avec « Poles » que la pop européenne de grande classe a encore de beaux jours devant elle. Terminons par un additif gratuit : après le gant de crin néo-gothique de Soap & Skin, Tanja Frinta, chanteuse charmeuse et mesurée, nous réconcilie avec son pays d’origine, l’Autriche. Encore merci !
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