A Brooklyn, Sharon Van Etten joue dans la cour des grands : celle des frères Dessner, de Beirut, des Walkmen ou de Sufjan Stevens. Une des plus belles cours des Etats-Unis, qui se retrouve en partie sur « Tramp ». Et c’est sûr que la voix limpide et les mélodies simples et souvent efficaces de la chanteuse en font la petite protégée de cette petite bande (c’est d’ailleurs Kyp Malone de TV on the Radio qui l’a encouragée à poursuivre sa carrière).
Sur « Tramp », son troisième album donc, Sharon Van Etten offre une collection de chansons folk de facture assez classique, accompagnée par un groupe qui monte le ton de temps en temps, histoire de sortir l’auditeur de la douce indolence dans laquelle il se trouve la plupart du temps : la voix est belle, les instrumentations assez simples et assez sages (quand bien même l’album est produit par le National Aaron Dessner)… on ne serait pas loin du folk-FM si Sharon Van Etten ne nous donnait pas le gage de son honnêteté et de sa sincérité au travers de ses titres jamais frimeurs. Et puis, il y a une poignée de chansons qui sortent assez clairement du lot : « In Line » est un quasi-crève-coeur sous influence nineties (« Sundays », …) ; « Magic Chords » a des accents soul et lorgne vers un léger groove et « Serpents », morceau plus rock et premier single de « Tramp », est indéniablement un des morceaux les plus forts de ce disque (du point de vue de l’énergie dégagée et de la mélodie).
J’aurais tendance à rapprocher l’Américaine de sa consœur britannique Laura Marling : sans être forcément 100% convaincu par leurs disques, je parie tout de même que les fulgurances de ces demoiselles peuvent leur réserver un bel avenir.