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Disques

Zëro – Hungry Dogs (in the Backyard)

Zëro - Hungry Dogs (in the Backyard)

« Le nom change, le tréma demeure ». Pour peu que l’on ait souvenir d’un groupe célébré à juste titre dans les années 90, Bästard, cet épouvantable slogan pourrait être l’accroche publicitaire de « Hungry Dogs », album bien de chez nous, donc, sur le papier, complexé en plus d’être ultra-fauché. Les deux groupes partagent en effet un même noyau dur – Eric Aldéa, Frank Laurino et François Cuilleron – qui, pour tout un tas de vieux auditeurs réactionnaires, fut avec Bästard un vrai fleuron de l’industrie musicale française, roi de l’export (que le groupe ait notamment été produit par Lee Ranaldo et Andry Briant en est pour certains une preuve irréfutable…), francs-tireurs mi-bourrin mi-postmoderne, ambassadeurs malgré eux d’un style, le « noise », dont, déjà à l’époque, la pertinence nous échappait, tant leurs productions s’avéraient d’une sérénité bien éloignée d’un qualificatif aussi imbuvable qu’ouvertement masochiste. Certains parmi ces nostalgiques espéraient que Zëro soit un Lazare, ou au moins le flacon dont on tirait naguère ivresse. Les auteurs du mémorable « Radiant, Discharged, Crossed Off », sorti il y a dix-sept ans, n’ont heureusement que faire de ces devoirs de mémoire et nous proposent aujourd’hui une œuvre susceptible d’attirer un large spectre d’auditeurs, disque à la structure massive mais aux finitions exceptionnellement nettes, détails dont l’enregistrement live ne fait qu’accentuer la clarté.  Ni assommante mécanique intellectuelle ni pamphlet politique foireux comme nombre de groupes dits post-punk en commettent, « Hungry Dogs » est un voyage sonore qui ne sacrifie pas le confort d’écoute à l’originalité des morceaux, qui ne diffuse aucun « message » et qui ne s’embarrasse pas non plus de quelque surenchère poétique. Plusieurs morceaux très percutants (« Clown in a Crowd », « Queen of Pain », « Speedball ») prouvent que Zëro a de l’énergie, de la hauteur de vue et surtout de la fraîcheur à revendre, preuve que le passé n’ankylose que ceux qui ne font aucun exercice pour s’en émanciper.

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