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Prinzhorn Dance School – Clay Class

Prinzhorn Dance School - Clay Class

Le voilà l’album du moment qui aurait du s’appeler « Tension » – sans $. Tension. Echauffourées de la tête et des jambes. Qui mène ? Personne ?

Prinzhorn Dance School est un duo anglais de Brighton, un couple, Tobin Prinz et Suzi Horn qui mélangent bien leurs humeurs noires et blanches. Du gris donc, mais différentes teintes de gris, bien plus de valeurs au fond sur ce « Clay Class » que sur leur premier album haché et redondant. 

Anomalie vintage signée chez DFA, Prinzhorn Dance School joue un post-punk rêche à l’âme saignée. Une basse, une guitare et une batterie dans un même morceau, c’est Byzance et Coldplay réunis. Parfois, il faut se contenter des uns sans l’autre. Less is more. Anarcho-syndicalistes mais vaillants, loachiens à la « Kes » – cette classe d’argile, ce sont les gens de peu que chantait Robert Wyatt sur l’admirable « Kingdom » d’Ultramarine. ‘We’re low, we’re low – mere rabble – we know », mots empruntés au poète et homme de loi britannique, Ernest Jones, dont les convictions socialistes eurent raison de sa carrière en plein XIXème siècle. A l’époque où on fait de Margaret Thatcher une héroïne de biopic construite à la seule force du poignet, c’est peu de dire que les lendemains ne chantent plus.

Prinzhorn Dance School vient après la bataille, et ils le savent. Leur eau se colore pourtant d’un peu de vin. Un groove discret, absent du premier album, aère la majorité des morceaux, évoque un mouvement à venir. Vers le mieux, vers le pire, qu’importe. Une basse plus ronde rassure à l’entrée de « Turn Up the Light ». Et les voix ne sont jamais vaincues, elles assurent encore une forme de combat – Suzi, surtout, qui éclate à l’occasion. Les morceaux perdent les formats-vignettes du premier album et imposent un rythme particulier, quelque chose de curieusement réflexif. « Happy in Bits » n’est pas si loin des Fujiya & Miyagi expurgés de leurs petits halètements sexy à la Kraftwerk. Le sexy n’est définitivement pas le genre de la maison.

Ce qui n’empêche pas « I Want You » d’être la plus belle chanson d’amour qu’on ait entendu depuis des lustres : « I want you / suffocate your soul / cage your freedom / in a living prison ». Peu de mots, peu de notes, mais un sentiment qui passe, pur et vrai que n’ont encore jamais atteint les rombières et rombiers post-Nancy et Lee, She & Him et consorts. De l’amour sans sucre, gris et pourtant chaud.

Un disque beau et sec qui tire parfois vers le magnifique.

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