Mazette! Rendez-vous compte du scénario catastrophe qui nous pendait au nez : un album de Rachida Brakni, victime du syndrome de la comédienne voulant s’essayer à la chanson, épaulée par Cali, qui en attendant le bonheur s’essaie à la composition et gardons le meilleur pour la fin, Cantona signant quasiment l’ensemble des textes.
Vous n’avez pas encore écouté mais je sens que vous avez déjà envie de rire. Vous doutez de mon sérieux. Vous vous dites que le Président de POPnews va sans doute me virer en voyant ce disque ici. Nous verrons bien. Les temps sont durs chers lecteurs. Même la politique du résultat a frappé à la porte de votre modeste webzine : rentabilité, flicage à tout va, politique de la récompense mais, tu n’auras pas ma liberté de penser Président. C’est tout ce qui me reste. Rachida, elle me plaît.
Sa voix forte, massive, presque masculine par moments, mais aussi capable de beaucoup de sensibilité, s’accorde à merveille avec les touches électriques du bienfaiteur miséricordieux Rodolphe Burger qui a posé ses très reconnaissables empreintes électriques ici et là ainsi que sa voix sur « 1001 nuits ». Que dire également de sa parfaite diction héritée de son parcours au théâtre et au cinéma qui est un réel plaisir.
« Je danse et je ris » premier titre de l’album pose les jalons d’un disque ambitieux et produit avec grand soin grâce à une musique droite, ligne de basse appuyée, jalonnée d’insertions instrumentales et de modulations électroniques furibardes. Le rutilant « Tocard » road-movie rappelant un certain Dédé la Saumure en fuite est un titre également très réussi qui vient un peu contrecarrer cette studieuse mise en bouche. Au fur et à mesure de l’écoute la qualité d’écriture saute à l’oreille. « Ivre de toi » hymne hédoniste titubant, sorte de Grande bouffe sonore est parfaitement jouissif tandis que l’écriture de « Je suis amoureuse » est d’une troublante justesse sur un thème peu abordé dans la chanson: la violence dans le couple. L’ambiguïté du texte qui évite de verser dans le pathos et l’interprétation de Brakni sont assez remarquables.
Après plusieurs années de travail, les trois compères ont ainsi donné vie à un disque plein de caractère, parcouru par une musique flottante, tout en retenue, s’affranchissant de tout balisage, en direction du grand bassin.