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Concerts

GaBlé & Mina May à L’Akwaba, le 21/01/2012

Un chanteur avec de faux airs de Bob Dylan (jeune) et d’Alec Ounsworth (de Clap Your Hands Say Yeah), une voix qui évoque beaucoup ce dernier et un peu un Neil Young énervé, des mélodies calées entre celles de Radiohead, Joy Division, Pink Floyd et Brian Eno… Mina May, c’est à la fois tout ça et complètement autre chose. Si je ne peux m’empêcher d’évoquer d’entrée ces références classieuses, c’est que les quatre de Mina May s’en sont à coup sûr nourris, et qu’à l’écoute de « New Flesh for All » ou « Everything Was Beautiful and Nothing Hurt », et de pas mal d’autres de leurs titres, ces noms viennent inévitablement à l’esprit. C’est d’ailleurs le principal reproche qu’on pourrait faire à Mina May : une impression de « déjà vu »… En même temps, il y a des références musicales bien pires, et ces comparaisons sont, je l’avoue, un peu réductrices.

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Les membres de Mina May se sont certes imprégnés de toute cette culture rock-progressif post-punk, post new-wave, mais l’interprétation moderne qu’ils en ont sauve la mise. Leurs textes, les arrangements travaillés, et l’énergie avec laquelle ils jouent nous plongent dans un univers qui n’appartient qu’à eux. La section rythmique est impeccable, les claviers sont utilisés à bon escient, les guitares sont rageuses à souhait, et les vocalises de Flashing Teeth (c’est le pseudo du chanteur) envoûtantes. 

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La plupart des titres qu’ils ont joués ce soir-là sont issus de « Everything Was Beautiful and Nothing Hurt », leur dernier album (et sans aucun doute le plus réussi) sorti en 2011. Sur « Not Really No », « Think Twice » ou « The Seven Spirits » on ne peut s’empêcher de bouger les jambes, avec les plus sombres « Visitor » et « Nails on Stainless Steel », c’est le dodelinement de la tête qui est inévitable. « Everything Was Beautiful and Nothing Hurt » est, quant à elle, une vraie belle ballade psyché comme on n’en fait plus. Sur scène, l’énergie de Mina May nous fait presque oublier le lourd héritage musical dont je parle plus haut. Des chansons efficaces et entraînantes, un jeu de scène sobre et énergique, Mina May est un groupe que je reverrai jouer avec plaisir.

GaBlé, c’est une dizaine années d’expérimentations, pas mal d’albums non distribués (maintenant en téléchargement gratuit – et légal – sur leur site et deux « vrais » albums brillants. GaBlé, c’est un grand mix de n’importe quoi, de folie artistique, un gloubi-boulga musical avec de bons et de moins bons morceaux, mais GaBlé, c’est sans doute aussi le groupe le plus créatif et le plus rafraîchissant de la scène pop actuelle. Depuis leurs deux derniers albums (« Seven Guitars With A Cloud of Milk », puis « Cute Horse Cut ») le bordel est de plus en plus organisé, et les titres en perpétuelle amélioration. Ecouter ces albums est une expérience réjouissante et hypnotique. Derrière l’apparent bricolage de ce hip hop lo-fi, on sent une orchestration et des arrangements sophistiqués, des choix de samples et d’accords, des enchaînements et des textes où rien n’est laissé au hasard. Sur scène, ce n’est pas très différent. Le bordel n’est qu’une apparence avec laquelle le trio joue à merveille, et cela dès le début du concert, où nous sommes appelés à regagner la salle par un « ça va commencer » savamment mis en musique, bouclé, qui résonne comme un écho jusqu’à l’extérieur de la salle. 

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Ils démarrent avec « Hawaï », une chanson à leur image, un titre qui commence avec Thomas (le grand) qui parle seul sur des petits bruits de cloches avant d’être rejoint au chant par Mathieu (le moins grand) et Gaëlle (charmante) aux percussions pour une violente montée en intensité qui se rompt brutalement. On reste dans l’inquiétant avec le titre suivant : « Début », scandé plus que chanté sur un rythme martelé. « Cyanure » puis « Bunch », deux titres de « Cut Horse Cut », sans doute les deux plus longs de l’histoire de GaBlé (ils durent presque 2 minutes 30 chacun !) nous font ensuite  entrer de plein pied dans le concert et dans l’univers si particulier de GaBlé. Les tubes « Purée Hip Hop », « Samba de la Muerte » et « Georges Perrier » sont interprétés à perfection, avec rage et poésie au cœur. Thomas s’amuse à invectiver la salle (et y crée une ambiance étrange, tendue) pendant l’intro de « Who Tells You », Mathieu se risque à sampler sa voix à l’envers avant « Poule », Gaëlle joue d’une corne de brume et tente des cascades improbables (et risquées) sur « Purée Hip Hop ». 

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Des rythmes endiablés et saccadés sous lesquels se cachent des mélodies et des samples raffinés, un jeu d’une simplicité éblouissante, qui mêle une vraie sensibilité et un plaisir visible à être sur scène. On accède pleinement au monde GaBlé en les voyant en concert. Les écouter sans les voir sur scène, c’est omettre une grande partie de leur œuvre, c’est prendre le risque de ne pas comprendre vraiment leur monde. Un monde dans lequel on entre par une porte triangulaire formée par Thomas, Mathieu et Gaëlle, des percussions, des guitares folk électrisées des jeux de samples audacieux et des voix éclatantes… Et duquel on ne ressort (ravi) que quelques heures après la fin de leur prestation. Assister à un tel concert, c’est réaliser que la musique pop est un Art avec un grand A, que cet art peut être moderne et accessible, sensible et amusant, divertissant et passionnant. 

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