Le label Ici D’Ailleurs a une fois de plus eu le nez creux en mettant le grappin sur Mein Sohn William, Dorian Taburet de son vrai nom, un musicien singulier. Et solitaire, meme si la première écoute peut laisser croire à une multiplicité de bras s’affairant sur des instruments. En l’occurrence, il n’y a que les siens. En soutien : des machines, et un gros zeste de folie. Mais attention : si le disque sonne étrange, perturbant, il y a un sacré talent qui fait tenir l’édifice. Certes, c’est à grands coups de scotch que tiennent les rythmiques bizarres, toujours très percussives, menaçantes, et souvent changeantes : le panel va de « Until the End », génial millefeuilles de percussions où s’enchevêtrent les rythmes à la pop de « Million Thousand People » ou « Jazz Hot » qui donnent une furieuse envie de chanter et danser, en passant par l’âpreté de « Carbonnade » ou « Megawatt Megawatt ». Mais le tout est solide, cohérent. Complètement inclassable, Mein Sohn William se pose en entertainer, en un monsieur Loyal un brin dérangé (« Our Naked President »), mais garde son mystère qui le rend si captivant, s’éloignant une dernière fois de sa concision générale pour l’ultime morceau, « Walk Around » (seul titre au-dessus des 3’30) , tour de force où l’on entend un rock hanté, cru et hypnotique (toujours un rythme fort qui plaque au sol). Fou et pourtant très accrocheur, ce premier disque introduit de façon brilante une personnage fort, un univers bien trempé qui rend l’étrange fichtrement attirant.
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