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S K R I E T – Det beslutande organet

S K R I E T - Det beslutande organet

C’est un cri, c’est un chant, c’est aussi le désert et le vent. S K R I E T (prononcer « Skriète » et entendre « Le Cri ») est un duo qui fait grand bruit ici (en Suède) et qui est vendu comme l’alliage précieux entre Joy Division et Spacemen 3. Oui, effectivement, il y a de cela. D’abord, un fond gris, caverneux, précisé par des tambours sourds, pas ou peu de cymbales et autres fioritures. On retrouve les bienfaits de la consigne de Kate Bush à son batteur pour l’enregistrement de « Hounds Of Love » : « I want drums not cymbals ». Puis il y a les guitares a priori inconvenantes dans cette atmosphère de désolation, psychédéliques sans être démonstratives mais, tour à tour, clairettes, réverbérées ou criardes, souvent au ralenti sinon par la prise de psychotropes, au moins par l’écoute attentive et recueillie des principes du prochainement béatifié Pete Kember. Et puis, il y a le chant : traînant, malaisé, se dressant sur ses petits pieds comme si on devait lever des skinny fists like antennas to heaven mais dans un coin de la chambre. Oui, il y a aussi un peu de post-rock dans ce cri forcément rentré : on n’appelle pas son album « L’Organe de décision » (ou le Conseil d’Administration) pour rien. En tout cas, on flotte dans différents parfums avec S K R I E T : une basse Joy divisionesque et un tom bass à la Moe Tucker se frottent à une clarinette dans « Stanny Price » et le résultat n’est pas sans rappeler les délicieuses fragrances des « Fleurs » de Silvain Vanot sur son album « Bethesda« .

Un piano Satien sur « Det Beslutande Organet » rappelle le meilleur de ce que Sylvain Chauveau a fait du post-rock : quelque chose de doux et sensible et capable (cependant ?) de contenir autant de rage que les déflagrations de guitares canadiennes.

Il y a aussi des tubes comme « Predikament » et « Händerna i Munnen », qui pourraient remplir les promesses que Wu Lyf n’a pas tenues. « Händerna i Munnen », avec ses tambours basses, sa lente montée, ses guitares comme autant de pépiements d’oiseaux est prolongé par l’instrumental en montagne russe, « Oceandåren ». « L—Y » fait soudainement écho à « Stanny Price » : on est bel et bien pris dans un curieux labyrinthe de thèmes.

Point d’orgue de l’album, le poignant « José Delgado » (ne pas confondre avec Pedro, le champion dopé du Tour de France cher aux Delgados), fantaisie musicale et rêverie poétique dédiée à l’inventeur des puces cérébrales capables de déclencher le plaisir comme de contrôler des corps humains à distance. Tout un programme quoi… A quoi rêvent les moutons mécaniques, se demandait l’autre. A quoi rêve José Delgado, répondent les membres de S K R I E T. On est bien tenté de laisser les cauchemars de la vie de tous les jours pour rejoindre « Det Beslutande Organet » et se faire tripoter longtemps l’hypophyse par ces nouveaux amis. Et c’est un cri du cœur… non téléguidé.

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