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Disques

A.A. Bondy – Believers

A.A. Bondy - Believers

Songwriter américain originaire de l’Alabama, Auguste Arthur Bondy fut au cours des années 90 le chanteur et guitariste du groupe grunge Verbena. Désormais assagi et rangé pour de bon des décharges électriques de cette expérience collective passée, l’artiste fraîchement délocalisé en Californie publie aujourd’hui son troisième – et meilleur – album solo pour le compte du fameux label d’Oxford (Mississippi), Fat Possum Records.

Si les deux premiers albums solo du garçon ne nous avaient pas déplu, on avait pourtant bien du mal à y déceler ce qui pouvait le différencier du troupeau de folkeux bêlants que certaines maisons de disques signent à la chaîne depuis quelques années. « The Heart is Willing », brillant exercice folk-rock monté sur une rythmique métronomique, judicieusement placé en ouverture, a alors de quoi nous titiller. On se dit en effet que ce disque enregistré à Los Angeles par Rob Schnapf (Elliott Smith, Guided By Voices…) pourrait ouvrir de nouvelles pistes au folk jusqu’ici très académique d’AA Bondy. Si la suite se fait un peu plus classique dans la forme, les chansons atmosphériques de « Believers » invitent très vite au voyage. Une sorte de road movie solitaire, sur les routes désertes d’un Nouveau Continent que Bondy explique avoir traversé à quatre reprises au cours de l’année passée. Il aura puisé dans ces interminables trajets l’inspiration nécessaire à l’écriture de ce disque contemplatif, plongeant sa plume dans une americana aux reflets bleu nuit (« Skull & Bones »). On songe ici souvent aux moments les plus intimistes de Wilco comme sur « Down in the Fire (Lost at Sea) » ou surtout le désarmant « DRMZ », introspection digne de Jeff Tweedy période « Sky Blue Sky », où la voix de l’artiste déploie des trésors de délicatesse. Si les amateurs pourront également trouver des similarités entre ces chansons à la beauté spectrale et le folk épuré des Canadiens Timber Timbre, difficile pourtant de caser le Bondy nouveau au sein d’une quelconque scène contemporaine.

Armé de sa seule guitare et entouré d’une batterie, d’une basse et d’une pedal steel tenues par ses compagnons Ben Lester et Macey Taylor, Bondy explique avoir conçu cet album en pensant entre autres à Brian Eno, à la Motown, au Gospel. S’il est vrai que l’on entend un peu de tout cela dans « Believers », on retiendra surtout l’éclosion d’un artiste vraiment original, capable de charrier des torrents d’émotion (l’immense « The Twist ») sans jamais renoncer à la part de mystère inhérente à sa musique. Pas étonnant donc que l’on se surprenne à revenir de plus en plus souvent vers ce « Believers » à la mélancolie enveloppante, nouveau compagnon tout trouvé de nos nuits d’insomnie.

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