Vilhelm Bromander est une figure incontournable de la scène stockholmoise : bassiste rock, contrebassiste jazz, improvisateur, membre de la très sérieuse et passionnante association Fylkingen, promoteur de concerts dans le champ de la musique expérimentale/improvisée avec le Club:Ovisation de FRIM… Il est difficile de le suivre partout ! C’est discrètement et humblement qu’il sort sa première cassette sur son label, le bien nommé Quaset : avec comme belle pochette, une photocopie d’une gravure supposée ancienne accompagnée d’un vrai fil bleu gris. C’est à cette image qu’est la musique de Blå Vardag : simple, faite de bout de ficelle, brute comme l’art du même nom. J’aurais parié, je ne sais pas pourquoi, sur une musique aux antipodes de ces comptines pop spontanées, délicates et fragiles. On pense bien évidemment à Pascal Comelade, à un Ennio Morricone du pauvre (« 3 Å ») et surtout aux Japonais de Maher Shalal Hash Baz et leurs satellites Tenniscoats, Reiko et Tori Kudo. Guitare, contrebasse, mélodica et orgue constituent le grand orchestre accompagnant un chant bancal, fredonné, sans paroles distinctes et porté par la mélodie pure. Blå Vardag (Le quotidien bleu ? Le blues du quotidien ?) est une sorte de pré démo dont on apprécie le don gratuit, à mille lieues des albums surproduits et dits ambitieux, des voix autotunées de l’époque, sans caractère ni cachet. Blå Vardag est à ranger précieusement aux côtés des albums de chez Geographic et devrait trouver sa place naturellement dans le coeur des curieux hantant les boutiques parisiennes de Bimbo Tower ou de Souffle Continu. Pour les autres, la cassette (et son code de téléchargement) est disponible sur le site de Quaset ou, et c’est moins cool, sur Spotify ou sur Itunes.
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