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Concerts

L à Ruffec le 08/12/2011

De la Cigale, Boulevard Rochechouart à La Canopée de Ruffec, il n’y a qu’un pas… Après avoir fait salle comble la veille, L prenait la clé des champs le lendemain pour chanter dans ce bourg de quelques âmes. Chanceux ces Ruffecois qui bénéficient d’une agréable structure regroupant Médiathèque et Théâtre. Chanceux encore le Ruffécois que de voir L. dans ce lieu à taille humaine, avec cette proximité que la province aussi profonde soit-elle permet.

C’est un « Château Rouge » de caniveau façon Clouzot qui vient introduire ce concert. La voix est appuyée, le corps engagé, son esprit déjà retourné dans le 18e. Pour contextualiser ses propos Raphaelle explique un peu à la fin de cette chanson ce qu’est le quartier « Château-Rouge », au risque que le Ruffécois ne confonde avec le nom d’un nouveau domaine vinicole aux fragrances exotiques…

 L.

En ce début de soirée, l’interprétation de L impressionne par l’engagement, l’application qui ressort de ses textes taillés dans une langue auguste. Néanmoins, en matière d’introduction, cela peut surprendre. Le public est un peu penaud et circonspect. Que dire aussi de cet éloge de la Meuse tout au long du concert : « Les Corbeaux » à la mélodie boueuse et au chant sacristain et « Je fume » au phrasé sirupeux, résurgences de vacances lorraines chez une chouette grand-mère, n’ont pas instauré de prime abord une ambiance des plus guillerettes en pays ruffecois. Néanmoins, si L noircit le tableau de certaines de ses chansons, d’autres ont pris un peu de couleurs, de hauteur. C’est le cas de « Initiale » avec ses envolées instrumentales du plus bel effet grâce à des musiciens qui savent tenir leur instrument : la retenue, le silence donnent ici plus de lumière aux compositions.

 L.2

L’autre bonne nouvelle de ce concert est le grand nombre de nouvelles chansons. Le public a eu droit ce soir-là à l’anecdotique « Monsieur Stanley », hommage au génie de Kubrick, mais aussi à « Cocaïne ». Pas celle de Clapton mais celle de Jean Coulon dit Jean Rodor sur une musique de Louis Bonin. Le texte du début des années 30 y est toujours aussi cocasse et l’adaptation finement menée. L’héritage de la chanson n’est pas le seul dada de L puisqu’elle s’essaie à l’anglais dans un style pop assez rafraîchissant rappelant les grandes heures de The Sundays. « Wishes Tree » inspiré d’une visite au MoMA de New-York et notamment de l’arbre à souhaits de Yoko Ono est un agréable aparté. Malgré un anglais pas encore totalement maîtrisé, L ouvre des fenêtres sur d’autres horizons et arrive à renverser la vapeur. L’essai sera doublé par une reprise de Lhasa, « Love Came Here » dont on aurait peut-être demandé un peu plus. Ceci étant, les réarrangements des titres comme « Mon frère » ou « Mescaline » façon cabaret prennent encore plus d’ampleur sur scène tandis que « Romance et série noire » et « Pareil » rentrent définitivement au Panthéon.

A la fin du concert, L picore un peu de grillon charentais accompagné d’un verre de rouge, avoue boire un petit peu, fumer, et que chanter « Mescaline » et « Cocaïne » là rend tout chose. Pas si sage cette L.

 

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