Il y a tout d’abord ce riff, entêtant, qui ouvre le disque et le titre « Bad Shepherd ». Un riff éculé, mais tellement accrocheur, tellement charmeur, tout comme ces guitares qui ronronnent, qui se lovent tel un chat contre l’auditeur qui ne peut que succomber à cette entrée en matière pop, qui se fait dans un mélange de nervosité et d’élégance incroyable, entre Elliott Smith, Grandaddy et Calc. Olivier Perez était à Oslo quand il a créé Garciaphone, mais c’est à Mexico qu’il écrit ses chansons, lui le batteur sans batterie, obligé de se raccorcher à ses guitares. Ce titre qui ouvre le disque peut alors sembler être un joyeux hasard, mais il n’en est rien. Au contraire, il réussit le tour de force de maintenir ce cap, lo-fi mais pas trop, pop teintée de folk, tout le long des six titres de cet EP. Qu’il se fasse enjoué (« Hunger », « Tornadoes » en mode pop de poche, « Oil ! » avec sa guitare ravageuse) ou plus mélancolique (« Blankets »), voire quand il se met à nu (« Silt »), le charme se loge à chaque fois dans des mélodies implacables, un chant avec ce qu’il faut de fragilité pour séduire et tenir en équilibre. Et l’on se dit alors que Garciaphone est vraiment bien à sa place dans la famille Kütu Folk, on espère aussi qu’il y aura une suite, mais en attendant, il y a ce beau disque à découvrir et apprécier.
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