Loading...
Disques

Justice – Audio, Video, Disco

Justice - Audio, Video, Disco

On n’attendait plus grand chose du duo français Justice, égérie de la scène électro après un un succès public remarqué en 2007 (« Cross »), qui comme leurs homologues de chez Daft Punk, n’ont rien d’enregistré de saisissant depuis… longtemps. Alors que vaut ce « Audio, Video, Disco », dont le titre dégage autant d’attrait que la vague hipstérisante dans laquelle le groupe est malheureusement tombée ? Un coup d’épée dans l’eau, un second album qui revoit ses ambitions à la baisse après un premier opus agressif, dont la revisite sombre et électrisée avait su imposer une certaine couleur au-delà du simple hommage à l’imaginaire des années 70-80 (« Phantom », reprise du thème du film « Tenebres » de Dario Argento, ou encore « D.A.N.C.E », sorte de « ABC » des Jackson Five à la sauce club-leggin). Si aucun titre majeur ne se dégage du tout (« Newlands » qui fait office de redite maladroite du précédent « DVNO »), on ne sent pas non plus cette continuité dans l’enchaînement des titres, collés au contraire de façon maladroite (l’introduction inutile de « Canon »), comme s’il fallait absolument obtenir les 11 titres fatidiques standards d’aujourd’hui. Ou le difficile exercice de faire mieux et différent…

    L’album est dans l’ensemble beaucoup plus club, ce qui se ressent d’autant plus que les titres vocaux accrocheurs ont complètement disparu. Chaque titre recèle une identité sonore qui lui est certes propre, mais dont l’utilisation est extrêmement limitée : les ficelles sont grosses, le tout un peu trop bien calibré en séquence (avec une rythmique identique sur près des deux tiers des morceaux) , probablement parce que Justice semble vouloir s’essayer au créateur plus qu’au DJ, et cela manque cruellement de relief (ce sample de piano immonde  sur 2 notes au commencement de « Parade ») . Si la volonté de sortir du carcan tout electro, on regrette le choix d’accoucher d’une musique complètement épurée, aplatie, à la hauteur d’un arrangement médiocre sur NRJ (notez l’euphémisme). Là où le duo possédait un sens évident de la distorsion de thèmes populaires, il peine à évoluer sur un terrain pop dont la tendance le pousse désespérément à flirter avec une une sonorité rock (“Brianvision”). Le final « Audio, Video, Disco » prouve pourtant que ce mélange improbable voulu est possible, malgré un manque de relief évident. Les acheteurs (inconscients ?) qui se seront procurés l’album sur iTunes pourront profiter entre autre du long titre « Planisphere » (18 minutes et 39 secondes tout de même), véritable essai electro-rock progressif qui nous donne à rêver d’un opéra electronique qui enterre l’épisode raté de la pop chewing gum de nos belles années. Audio, Video si vous voulez mais Musique par pitié.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *