The Drums, ou l’archétype du groupe victime malgré lui d’un buzz disproportionné. En 2009, le futur semblait promis à la clique du jeune Jonathan Pierce, sur la foi d’un simple e.p. (« Summertime ! ») qui les plaçait d’emblée dans le peloton de tête des groupes à suivre de près. Les New-yorkais possédaient en effet de sérieux atouts, à l’image de l’insubmersible « Let’s Go Surfing », hymne au charme redoutable dont on n’aura depuis jamais réussi à se lasser. Mais les choses vont décidément très vite et le groupe qui revient deux ans plus tard est bien loin d’affoler les radars de la hype blogosphérique. La faute à une époque qui passe toujours plus vite d’un emballement médiatique à un autre. La faute aussi, sans doute, à un premier album sorti l’an dernier, objectivement très bon, mais peut être en deçà des folles attentes suscitées par les premiers pas discographiques du quatuor.
On aurait pourtant tort de bouder cette deuxième livraison, un peu noyée dans le flot des sorties de l’automne. Car on retrouve ici tout ce qui, dès le départ, nous avait fait fondre pour The Drums : un don pour la mélodie superglue, toujours drapée d’une intrigante noirceur synthétique (on pense souvent à des Beach Boys plongés dans l’épais brouillard des eighties par Martin Hannett) et un sens de l’efficacité qui évite au groupe de surcharger inutilement des chansons qui ne s’épanouissent jamais mieux que dans la simplicité (« What You Were », portée par une obsédante ligne de basse typiquement hookienne). Si elle n’a pas cherché à révolutionner sa formule gagnante, la formation a cependant gagné en constance et semble désormais à l’abri des légères baisses de régime qui pouvaient affaiblir son premier effort. Les tubes (au premier rang desquels l’imparable single « Money ») s’enchaînent ainsi pendant les trois-quarts d’heure d’un quasi sans-faute, dans la droite lignée d’une flamboyante école indie-pop qui, de Field Mice ou Orange Juice hier à The Drums ou The Pains Of Being Pure At Heart aujourd’hui, demeure la meilleure pourvoyeuse de bonheurs simples et durables.
Rien de nouveau sous le soleil, certes, à l’heure où la majorité des groupes à guitares qui parviennent à émerger aujourd’hui en Amérique (Beach Fossils, Craft Spells…) ressassent inlassablement leur fascination pour les grandes heures de la pop britannique. Il y a pourtant chez The Drums ce je-ne-sais-quoi qui a toujours fait la différence entre les bons élèves, appliqués mais sans génie, et les groupes qui comptent vraiment. Ce je-ne-sais-quoi, c’est peut être tout simplement le talent.