Au début fut Black Strobe. Puis Arnaud Rebotini s’est tourné vers ses outils naturels : vieilles boîtes à rythmes, synthés mythiques lui redonnent l’envie. Après « Music Components » et le succès qui est au rendez-vous, le musicien continue et signe ce « Someone Gave Me Religion ».
Premier coup d’éclat : une ouverture exceptionnelle, majestueuse et d’une durée hors-normes : 13 minutes pour ce « The First Thirteen Minutes of Love », qui ouvre les portes d’un univers époustouflant avec une adresse, une majesté qui ne baissent jamais d’un cran. J’avoue ne pas être un immense connaisseur de techno, mais le disque sonne comme une déclaration d’amour à une certaine idée de cette musique, avec l’obsession du rythme, des structures répétitives mais aussi surpuissantes, portées qu’elles sont par des sonorités vintage qui éliminent toute velléité de racolage. Non, ici, c’est de la musique d’esthète, les sons sortent avec rage mais font mouche : hypnotiques et dansants, « Echoes », « Another Dictator », « Another Time, Another Place » ou « All You Need Is Techno » donnent envie de monter le son, de fermer les yeux et de se laisser envahir par la dimension physique, presque charnelle des titres. Le tour de force de Rebotini est de réussir à faire se rejoindre une technique incroyable, une efficacité de chaque instant et de dresser un tableau d’ambiances renversantes (« The Choir of Dead Lovers » referme le disque sur un climat d’apocalypse post-Skynet). Oui, « All You Need Is Techno », tout est dans ces cinq mots, qui dépeignent bien ce disque époustouflant.