Une route embrumée sous la pluie, à proximité d’un forage. On inhale littéralement la suie alors que nos vêtements commencent à empester la rouille et le pétrole. La machinerie est régulière, lointaine, la source semble être une antique cassette audio.
Une musique industrielle (sans mauvais jeu de mot), un accouplement brouillon de King Crimson avec l’Industrial Symphony n°1 de Badalamenti (« Speedway King »). La voix se fait plus nerveuse, un rockabilly sous ecsta où Bee Dee Kay emprunte (sample même) son riff Jack Nitzsche (« Horses », « Sweet 17 »). Un slow aux bordures rayées plus loin (« A Hundred Highways »), le « True Blue » de Madonna nous fait enfin sortir du tunnel, volontairement vieilli, transporté plus loin qu’il ne l’aurait dû, comme si le retro d’aujourd’hui ne suffisait plus. « Lord Knows Best », lui, signe les retrouvailles d’un Urge Overkill fatigué, se rattachant à la chaleur d’une complainte religieuse à l’unisson, dont la ferveur s’est éteinte . « Black Nylon », mêle batteries pesantes et cordes pour un résultat plus détaché de ses influences usées jusqu’à la corde, mais sans laisser le temps de donner vie à ce qui semble se créer sous la pile de vieux 45 tours jaunis par les âges. « Hotel » rejoint le minimalisme des débuts, un son crépitant méconnaissable. La musique, condamnée à vieillir, n’a rien d’exaltant à l’arrivée. C’était définitivement mieux avant…