Doublure arty-névrosée de LCD Soundsystem sur leur label DFA, The Rapture est un groupe qui prend de moins en moins la lumière. Troisième effort encore moins abouti que les précédents, « In the Grace of Your Love » souffre de multiples problèmes qui vont de l’écriture au tracklisting. Le meilleur titre, « How Deep Is Your Love ? » facilement propulsé en single (c’est la seule chose qui y ressemble), se retrouve ainsi à la place du mort, l’avant-dernière, et il surgit après que l’attention a passé par tous les stades de la stupeur à la somnolence. Les morceaux sont beaucoup trop longs et parfois grevés d’outros incohérentes, loukoum-Marrakech (« Sail Away ») ou dub-gothos (« Come Back To me »). Reconnaissons une grande variété de styles, tous potentiellement horribles : le power-punk/prog-pop de « Blue Bird », du Bee Gees mollasse assommé de cuivres (« Never Die Again »). l’interminable tentative soul-mid-tempo, « It Takes Time To Be A Man ». Tout a rendez-vous avec son contraire, et c’est bien là le problème. Sans compter des maladresses de débutants : nommer l’une des rares choses plaisantes ici, « Miss You » d’après un standard absolu des Stones est quasiment suicidaire, comme l’est tout du long la voix de coquelet couinard de Luke Jenner. Tolérable sur du Blondie punk-funk débité en série, elle se conjugue assez mal à un rêve de groove blanc, ici fort oxydé. « In the Grace Of Your Love » prend la pose et pense à autre chose, ce qui lui confère l’une de ses seules qualités : chaque écoute trouve l’auditeur surpris d’autant de laideur et d’à-peu-près. The Rapture en 2011 ressemble à du chewing-gum qui partirait en fumée. « Can You Find A Way ? » est-il proclamé vers la fin du disque : il va falloir et très vite.
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