Loading...
Disques

St. Vincent – Strange Mercy

St. Vincent - Strange Mercy 

Est-elle belle ou laide, Annie Clark ? Teint de pêche victorienne, cheveux flous, ossature marquée ; ne dirait-on pas Miranda July dessinée par Tim Burton ? Ce physique si particulier peut-être charmeur, certainement dérangeant, semble depuis toujours contaminer la musique de St.Vincent. Voilà pourquoi, peut-être, on a mis longtemps avant de s’y habituer. Ce qui nous a fait rater au moins une grande chanson, « Actor Out Of Work » sur son précédent album, « Actor ». « Strange Mercy », aussi, va séduire sur la longueur, on lui laisse le temps. Le désir d’histoires s’y marie à une production précise et décalée, notamment sur les guitares de Clark à la fois déférentes et insensées, comme si Robert Fripp jugeait bon d’égaler soniquement un potentiomètre déréglé ou le solex vintage de son petit-fils. Il est permis de trouver l’alambic de tels solos un peu corsé, mais pourquoi pas ? Après tout, St. Vincent, ce pourrait être une Kate Bush partiellement dégrossie livrée aux mains d’embaumeurs des TV On the Radio. De la vie se frayant un chemin dans une gangue de sons à voltage moyen. Le tout sous format pop et à l’état de lymphe. St Vincent est un papillon en devenir qui enchifrène ses ailes. Souvent les morceaux ne s’assemblent qu’en partie (le panzer-refrain du très beau « Cheerleader »). Ou alors ils font le grand écart et ricanent des pièces perdues. « Northern Lights » fait reluire la face dorée de Deerhunter avant de la passer au papier de verre. « Cruel » fourre Clare sans ses Reasons dans les tuyaux de Phantom of the Paradise. L’adhésion à St. Vincent n’est pas donnée, ce qui en marque la valeur, qui se projette dans le futur. Et très souvent, on tombe sur des passages admirables notamment dans le dernier tiers du disque (sur « Dilletante » ou « Hysterical Stength »). Comme si Annie Scissorhands coupait dans la chair des notes pour son patchwork prog’rock d’aujourd’hui. Pas exempt de grandeur, « Strange Mercy » est encore un peu sage dans ses écarts, mais il est permis d’espérer.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *