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Disques

Doctor Flake – Flake Up

Doctor Flake - Flake Up 

Pratiquement dix ans que Doctor Flake sévit en solitaire en tant que producteur dans un relatif anonymat médiatique. Pas facile d’exister face aux poids lourds du genre auquel on n’a de cesse de comparer sa musique (Dj Shadow, Dj Krush, Kid Koala). Mais la persévérance paie et notre chirursicien musical n’en manque pas. Ni d’humour d’ailleurs qu’il distillait à travers les titres de ses premiers morceaux comme l’élève potache qui n’ose pas se prendre au sérieux. Avec les deux premiers albums (« Intervention chirursicale » et « Paradis dirtyficiels »), il aura posé les fondations de son style : downtempo mélancolique, abstract hip hop planant saupoudré de noirceur et de cinéphilie. Doctor Flake a prouvé qu’il était bien plus une tête chercheuse qu’un singe savant. Avec les deux suivants (« Minder Surprises » et « Flake Up »), les choses sont devenues particulièrement enthousiasmantes. Aux samples de films et de méthodes de relaxation insolites, se sont substituées de vraies chansons co-écrites avec des sparing partners de poids. La rencontre de Flake avec Vale Poher et Miscellaneous (du groupe Fummuj) aura eu l’effet d’un bing bang sur sa musique qui aurait pu gentiment se mettre à tourner en rond sur sa paillasse de laboratoire. La rockeuse bordelaise et le MC de Tours lui ont apporté leurs plumes et leurs voix. Et d’un seul coup, la musique de Flake a pris corps. Mieux, elle s’est incarnée.

« Flake up » est donc un peu l’aboutissement de ce processus de « sociabilisation ». Instrumentaux spacieux et mélancoliques, morceaux trip hop habiles et léchés rappelant par moment les sommets de « Londinium  » d’Archive avant que celui-ci ne verse dans l’art pompier. Mention spécial au titre « Une île », seul morceau interprété en français par Vale Poher qui prend l’auditeur à rebrousse-poil. Nous voici sur les territoires de Tiersen, période « Le Phare », quand celui-ci révisait sa géographie impressionniste avec Dominique A sur « Monochrome ». Il y a la voix altière de Nawelle Saidi du collectif Screenatorium à qui revient l’honneur de poser les premiers vocaux sur le très sombre « Hollow People ». Le versant hip hop n’en est pas moins délaissé avec les contributions du slammeur Black Sifrichi, électron libre, et de Miscellaneous qui pose son flow nerveux sur les scratchs de Dj Pee (Peuple de l’herbe). Du beau monde donc, un clan en fait, pour un disque gigogne qui n’en finit pas de se déployer. Quatrième album autoproduit, il serait temps de prendre au sérieux les ordonnances de ce bon docteur et de lui donner les moyens de ses ambitions.

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