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Disques

Baxter Dury – Happy Soup

Baxter Dury - Happy Soup

En deux albums, Baxter Dury est devenu indispensable. 2002 : « Len Parrot’s Memorial Lift » : cotonneux, ambré, balbutiant qu’on ne le réveille pas, d’une classe folle déjà. 2005 : « Floor Show« , crispation rock, décombres glorieuses dont « Cocaine Man », un poing américain brillant dans l’ombre que n’aurait pas renié le grand méchant Lou.

Ferrés que nous sommes, il aura fallu patienter six longues années avant cet apaisé et surprenant « Happy Soup ». Ivresse continentale à la Gainsbourg/Birkin, le morceau-titre chaloupe entre « Eté Indien » et « Décadanse ». Rappel de seventies heureuses qu’on retrouve dans des sonorités datées à la limite du kitsch (« Trophies », « Afternoon »). Jamais jusqu’à maintenant, Baxter n’avait chanté aussi clair. Fini l’hermaphrodite grommelant qui se cachait derrière sa partenaire, Madelaine Hart n’est pas un rideau de brume. Elle tient même le premier rôle sur « Hotel in Brixton », délicat comme du Broadcast se risquant au ska. « Happy Soup » est un disque de pop allègre qui enchaîne les perles : « Trellic », sequel lumineux de « Francesca’s Party » ou « Picnic on the Edge », ce jerk insolent à basse Go-Betweens. Ou encore « Isabel » avec toujours ce sens du détail parfaitement dosé, ici les choeurs à peine gémis (l’histoire est grivoise), et la petite phrase ironique à la guitare sur le fade-out. Anglais jusqu’au bout des ongles, Baxter Dury accepte enfin ses gênes et les confronte au monde. « The Sun », merveille velvétienne alanguie comme « Oscar Brown », balade une Madelaine aux chœurs fâchés répétant un beau refrain sagement disposé en bout. « Noone ever told us that we’re gonna be left alone ». La réponse ne se fait pas attendre ; un rire hénaurme, de Falstaff jeune, qui équilibre totalement l’humeur de la chanson. Quoique désespérée, la situation ne saurait être bien grave. Qui aurait jamais pensé entendre rire Baxter Dury sur un de ses disques ? Le bonheur lui va décidément bien au teint. On aurait pu en douter, la plus belle réussite de son troisième album est de nous prouver le contraire.

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