Le label Morr a décidément le chic pour dénicher des artistes qui, considérant la musique comme un travail d’orfèvre délicat, ne dédaignent jamais les leçons d’atelier de leurs maîtres et aînés, et brillent autant par la grâce que par la modestie. Déjà, Sindri Már Sigfússon (caché derrière Seabear ou Sin Fang), avait ouvert la voie d’une folk-pop ludique glanant chez Sufjan Stevens le souci pointilleux d’arrangements chaleureux pour des miniatures parfaites. Avec un même souci pour les vignettes exactement colorées, Joel Nicholson (aka Butcher the Bar), délivre un deuxième (court) album de la même eau limpide. L’oreille ne trouve de fait aucune aspérité dans ces tissages minutieux qui enveloppent les morceaux (la palme revenant sans doute aux plus dénudés, à la clarinette caressante de « Giant » ou à la guitare folk de « Blood for the Breeze »), et ce n’est pas la voix, fragile, un peu trop en retrait, du chanteur, qui risque de briser l’harmonie du cocon. Il ne faudrait pas grand-chose pour que la joliesse ne prenne le pas sur l’inspiration, mais une certaine vibration mélancolique (quelque chose d’Elliott Smith), et la constante inventivité instrumentale maintiennent l’attention intacte.