Encore un album qui risque de passer inaperçu ! The Wave Pictures est presque condamné à ne plaire qu’à ses fans et pourtant il y a de sacrées chansons dans ce « Beer in the Breakers » pour ceux qui voudront bien les entendre. Bien sûr, pour la phalange indé de base, il faudra passer la barre de la musique, facilement cataloguée « classic rock » ou « dad rock ». On se souvient d’un poster photocopié annonçant un concert des Wave Pictures dans la banlieue de Londres et décrivant leur musique comme des « chansons surréalistes inspirées par Jonathan Richman et Dire Straits. Mais surtout Jonathan Richman ». Oui, je sais, vous avez lu deux fois le nom du parrain intouchable Jonathan Richman mais vous avez surtout tiqué sur Dire Straits. Un jour, il sera bon qu’une certaine génération de la planète indé revienne sur Dire Straits, à la manière du fanzine culte Hit Records n°2 de Dumez et Scrima, qui avait osé ressortir le fantôme Jean-Jacques Goldman des placards. J’ai déjà quelques noms de personnes prêtes à parler. Ce jour-là, on pourra discuter mais fermons la parenthèse pour l’instant.
Oui, The Wave Pictures vient d’une certaine tradition héritée du pub rock, d’où la louable habitude de tourner beaucoup, d’écrire beaucoup et de confronter son public aux nouvelles chansons pour ne garder que les meilleures lors de l’enregistrement. On retrouvera donc beaucoup de titres déjà entendus et appréciés. Osons le mot, le songwriter David Tattersall a été touché par la grâce sur ce « Beer in the Breakers » enregistré par le parrain du groupe, Darren Hayman (de feu Hefner, faut-il le rappeler ?). Parmi les tubes potentiels ressuscitant la grandeur d’Hefner, « China Whale Brand (for John Hugh Noble) », hommage au premier batteur du groupe parti étudier la philosophie et écrire des chansons de son côté, « In her Kitchen » (comment résister à cette anti-chanson d’amour ayant pour refrain « There’s no love in her kitchen » ?), ou encore la guillerette « Little surprise », chanson-inventaire typique des Wave Pictures.
Pour ceux qui auront du mal à passer la barre des riffs classico-classiques et des soli démonstratifs voire à rallonge, dirigez-vous vers les chansons les plus dépouillées comme « Walk the Back Stairs Quiet » et son intro triste à souhait faite de quelques notes claires et acides ou la finale « Epping Forest » et concentrez vous sur les paroles car il y a du génie à revendre.