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Disques

Gang Gang Dance – Eye Contact

Gang Gang Dance - Eye Contact
Jusqu’ici, avec Gang Gang Dance, comme avec d’autres groupes à tendance expérimentale de la scène de Brooklyn (Animal Collective ou Dirty Projectors à leurs débuts, Black Dice, Akron/Family…), on ne savait trop sur quel pied danser. Pas toujours facile de distinguer chez eux la recherche louable de nouveaux territoires sonores de la bidouille en roue libre, la volonté d’indépendance de la branchitude Williamsburg/Pitchfork. Sur leur cinquième album « Eye Contact », l’œil entre d’emblée en contact avec quelques clignotants arty : photos floues et mystérieuses du livret (plus soigné que les précédents, signature sur 4AD oblige), morceaux intitulés « ∞ », « ∞ ∞ » et « ∞ ∞ ∞ », texte en grec (apparemment un home recording interprété par un parent défunt de la chanteuse Lizzi Bougatsos), chanson dédiée à Dash Snow, jeune artiste trash new-yorkais décédé d’une overdose il y a deux ans… Bien, bien. La musique, elle, sans flirter vraiment avec le mainstream, s’avère plutôt accessible et maîtrisée. L’approche très rythmique du disque précédent, « Saint Dymphna », sous influences grime, dubstep et reggaeton, a été en grande partie abandonnée au profit de constructions plus atmosphériques, et même parfois d’une écriture plus classique.

Bon, il y a quand même « MindKilla », qui ressemble à un vieux morceau de Technotronic braillé par une Björk sous amphètes, et qu’on ne conseillera qu’aux estomacs les plus solides et aux fans de M.I.A. Plus digeste, le conclusif « Thru and Thru » marie mélopée orientalisante (une constante du groupe, la voix de Bougatsos évoquant Ofra Haza ou Natacha Atlas) et tambours du Bronx (son tropisme tribal), inventant une sorte d’exotica futuriste. Pas de quoi menacer la suprématie de David Guetta et des Black Eyed Peas dans les charts dance… Ailleurs, « Eye Contact » préfère la manière douce, les synthés moelleux, les gimmicks presque pop, les effets sonores presque chill wave, qui sentent bon les vacances d’été. Le groupe signe dans ce registre quelques belles réussites comme l’irrésistible soul digitale de « Romance Layers », bénéficiant de la présence vocale d’Alexis Taylor (Hot Chip), ou le r’n’b planant aux saveurs d’Asie de « Chinese High ». Le tour de force reste l’ouverture, « Glass Jar », longue de plus de 11 minutes, passant peu à peu de l’ambient hypnotique à la synth-pop extatique. Un peu comme si Electrelane allait en club. 

Sachant que le disque a été enregistré en mai 2010, soit il y a plus d’un an, et que ces quasi-vétérans de l’underground sont ennemis du surplace (ils sont connus pour beaucoup improviser sur scène), il est fort possible que GGD soit déjà parti dans une nouvelle direction musicale. Vu l’accomplissement que représente « Eye Contact », on les suivra les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes.

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