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Yelle – Safari Disco Club

Yelle - Safari Disco ClubLongtemps on a cherché quel pouvait être l’équivalent musical d’une fraise Tagada (ce qui prouve, si besoin est, le vide où l’on baigne). Les premières lignes du très théorique « Comme un Enfant », le quatrième morceau de « Safari Disco Club » nous ont donné la réponse : « J’aime les fraises Tagada et je rêve d’un Wayne’s World 3 ». Bon sang, mais c’est bien sûr, Yelle !, voilà la fraise Tagada ultime, électro-clash, débiloïde et partiellement jouissive, de cette année et, qui sait, de toujours ? Une Lio sous influence Hot Chip qui naviguerait à vue entre premier et deuxième degré dans des textes inénarrables de grotesque qu’on a parfois envie de citer dans n’importe quelle conversation pour pimenter d’une touche « OK magazine » nos vies de jeunes quadragénaires (je précise que la majeure partie des rédacteurs de POPnews a moins de 40 ans et qu’une pareille idée ne leur viendrait qu’après une lobotomie et l’échange de l’intégrale de Destroyer contre les deux albums « Bécassine sur le dancefloor » de Yelle – échange qui découlerait évidemment de la lobotomie).

Au fond, Yelle est un symptôme comme le dernier Philippe Katerine. Après le régressif popo, voici le régressif nunuche : « Plus Grandir », comme dirait Mylène… D’abord, on a lutté  en trouvant ça consternant (moi quoi !, les autres luttent encore). Puis on a eu le malheur d’écouter « Que Veux-Tu ? » encore et encore, si bien que l’on, que j’en suis arrivé (du courage !) à le considérer comme le meilleur single de 2012 pour l’heure (ô honte bue !) ? « Tu es beau, tu es grand, tu es fascinant, t’as des chevaux, des poneys, faisons des enfants ». Voilà un refrain qui nous parle et nous met en joie sans parler de lignes aussi audacieuses que : « Tu es chaud comme un gant autour de mes doigts, mais ton regard de braise est tellement froid » (à qui notre mauvais esprit prête un sous-texte sexuel ultime que notre pudeur native nous empêche hélas de dévoiler). Les accords plaqués de synthés en intro, les halètements qui lancent le rythme, la progression impeccable jusqu’aux « Ouh Ah Ouh Ah » traités en aplat comme les lignes de basse jaculatoires à la Peter Hook en fin de morceau, tout nous complait extraordinairement. Sans rire. Le reste ne vaut pas vraiment tripette, hésitant entre le bon (« Comme un Enfant ») et le correct (« Safari Disco Club »), avant de sombrer dans le bof et l’ignoble (quelques morceaux lents horribles et fumeux comme des fraises Tagada saupoudrés au napalm, dont une tentative de chanson engagée « Mon Pays » à cauchemarder tout éveillé).

Voilà, le but de cette chronique est atteint : se confesser au monde (REPENTANCE !), promettre qu’on n’écoutera plus Yelle – du moins sur la longueur d’un disque – et déjà se trémousser en pensée sur « Que Veux-tu ? », (DECADENCE !), « over and over » comme un derviche tourneur qui aurait troqué la divinité contre une romance niaise, (DEPENDANCE !).

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