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Disques

Planningtorock – W

Planningtorock - w

D’abord, une précision : Planningtorock n’a rien à voir avec le « For Those about to Rock » d’AC/DC. C’est même en termes esthétique, musical, visuel, conceptuel, incrémentiel, fondamental, l’inverse absolu de AC/DC pour le meilleur et pour le pire.
Planningtorock travaille le genre, l’électronique, le multimedia (j’en vois qui baillent). Pas de kilts d’écolier à cartables ici mais une prothèse nasale façon Matthew Barney qui transforme Janine Rostron en bélier botticellien. On pourrait ricaner qu’un complément pénien en silicone n’aurait pas été mal non plus sur la pochette de « W » (on attendra le « X… »), tant les vocaux traficotés en aigus, graves et médiums font la navette astrale de l’un à l’autre sexe, évoquant le mariage mystique de Laurie Anderson avec Antony, ma Némésis personnelle. Heureusement, l’ancrage électro-violinesque à soufflet plaide pour une part majoritaire de la capitale Anderson (« Going Wrong »), sans parler de la pythie suédoise de The Knife (avec qui collabore fréquemment Rostron), surplombant « Doorway », et son ambiance Carpenter-Morse, cet assez réussi film de vampires scandinaves.

Soyons clairs, si le fond nous échappe un peu, et que « W » progresse de façon parfois erratique, plusieurs morceaux nous paraissent excellents : « I’m Yr Man » ironise une colère soul-blues sur fond de percussions avec un hybride de mélodica et d’accordéon. « The Breaks » est une torch-song disco castrée et plongée dans un formol jaunâtre qui la rend froide et fascinante. « The One » détourne Rostron vers la ventriloquie black et rappelle l’avant-soul de Autre Ne Veut, cet étrange disque que nous avions laissé passer l’année dernière. Il n’est même pas interdit de danser sur certaines plages de « W » : pourquoi pas « Manifesto » ou « Living It Out » et son beat LCD Soundsystem, DFA oblige ?
Au final, bien loin du binaire, Planningtorock accouche d’un disque en point d’interrogation, Janus groove et cérébral, hululant et tressautant qu’on admire des deux côtés, et dont la collure nous restera un beau mystère.

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