Loading...
Disques

Wu Lyf – Go Tell Fire To The Mountain

Wu Lyf - Go Tell Fire to the Mountain

D’abord, la hype. Sensation mancunienne composée d’adolescents masqués, Wu Lyf cite Debord, joue collectif, enregistre dans une église, et réveille chez JD Beauvallet des accents à la Bernadette Soubirous qu’on ne lui avait pas connus depuis longtemps. Méfiance donc.

La musique, maintenant. Naïve, emphatique, parfois touchante. Wu Lyf croit changer le monde avec des chansons mal fichues et un son en gestation. Le groupe, manifestement, ne sait pas encore jouer ensemble. L’orgue, signe distinctif du groupe, flotte ou se noie ; le batteur assomme toute tentative de groove tandis que le bassiste creuse des tunnels à la petite cuillère. Mettons que le guitariste est plutôt correct, mais ses tentatives de mise en valeur sont le plus souvent sabordées par la voix abominable de Ellery Roberts dont on apprend qu’il la casse fréquemment pour atteindre des hauteurs sublimes dans l’expressivité. On en reste coi. Wu Lyf est pour résumer un groupe bien jeune ou tendre qui cache ses maladresses sous des influences gigognes. Un peu comme si Sigur Rós se prenait pour Godspeed You Black Emperor (« Such a Sad Puppy Dog »). Ou Godspeed You Black Emperor  pour Sigur Rós (« Heavy Pop »). Ou les Happy Mondays pour Vampire Weekend (« Summas Bliss »). Ou Ian Brown pour Robert Plant (« Cave Song »). Ou James pour l’Amoco Cadiz (« Cave Song », again !)) Ou tout ça à la fois et dans n’importe quel ordre, le tout saupoudré de messianisme rock : « cette musique peut changer le monde et ouvrir des portes dans ton esprit, et (peut-être) dans ton fondement ». Bien nous en a pris d’avoir écouté jusqu’au bout et à plusieurs reprises « Go Tell Fire to the Mountain » non pour les effets secondaires sus-dits mais pour un morceau bizarrement en apesanteur : « Dirt », que je qualifierai de magistral, au vu du reste mais pas seulement. S’y ressent enfin ce mélange consubstantiel de puissance et de fragilité que le groupe invoque en pure perte dans le restant de l’album (un dernier repentir me fait sauver « Concrete Gold », plutôt réussi et presque correctement chanté). En bref, « Go Tell Fire To the Mountain » fait craquer une allumette de sûreté pour embraser le Kilimandjaro. Mal barré.

L’avenir, quand même ? Redite, nos bambins sont bien mignons et ils décocheront sûrement une session photo avec Hedi Slimane. Mais leur marge de progression ne sera réelle que si le chanteur choisit d’étudier Nietzsche dans un ashram ou de fonder une famille homoparentale après un changement de sexe et l’adoption de sextuplés. Je crains qu’on en soit loin. Alors devenir – Stone Roses ou – New Order pour citer deux groupes de Manchester qui ont compté ? Les jeux ne sont pas faits (mais mon avis l’est, lui…)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *