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Disques

Herman Dune – Strange Moosic

Herman Dune - Strange Moosic

« Strange Moosic » est le second album d’Herman Dune sans tréma sur le « u » et sans André. Bien. Dire que j’ai aimé Herman Düne serait léger. Pour tous ceux qui ont suivi l’évolution du groupe à l’orée des années 2000, Herman Düne a compté et pas qu’un peu. C’est dire que j’ai été déçu et, pire, ennuyé par les concerts et enregistrements d’après la rupture. C’est donc avec dédain que j’ai accueilli la sortie de « Strange Moosic » dont les quelques titres entendus en concert (« Ah Hears Strange Moosic » et « Where Is the Man ? ») m’avaient plus que barbé. Pourtant, « Strange Moosic » m’a permis de renouer avec les sensations fortes qui inauguraient chaque nouveau bon album d’Herman Düne : la surprise, l’inattendu. Toutes ces sensations qui faisaient qu’Herman Düne était unique et savait toujours nous surprendre.

L’intro aux claviers de « Tell Me Something I don’t Know » par exemple : voilà quelque chose de nouveau chez eux (l’influence cosmique de Neman « l’aimant à filles » et de son motorik Zombie Zombie ?). Ou encore la pedal steel guitar de « In the long long run » qui fleure bon son Silver Jews des derniers albums. Le rythme syncopé de « Monument Park » qui renoue avec des titres entendus sur « Yaya », l’album solo de David-Ivar Herman Düne. Et puis un peu partout ces claviers étranges qui nous rappellent la surprenante dédicace à Martin Rev et Alan Vega sur « Switzerland Heritage » et la tentative avortée de faire un album entre le folk acoustique et les claviers synthétiques et machines. Les guitares sont également de la partie, renouant avec le feu du début comme sur « Where Is the Man » dont je n’aurais pourtant pas donné cher (malgré le 45 tours de Pop In Records et l’intervention de Q). Enfin, les batteries et percussions sont vraiment au top, bien mises en valeur et n’ont, peut être, jamais sonné aussi bien (cf les bongos de « Monument Park »). L’album sonne un peu classic rock (c’est le « défaut » qu’on leur reprochera éternellement tout comme à Wilco) mais d’excellente facture, dans la lignée de « Not on Top », fait du meilleur bois donc, comme les solides Silver Jews et Moutain Goats qui ont su passer le cap post-quatre pistes avec brio. Et si on distingue quelques effluves du Band, de Bruce Springsteen, des productions Lee Hazlewood (la basse génialement ronflante de Ben Pleng sur « Magician ») et, bien sûr, des Rolling Stones (un peu partout et ce depuis toujours), c’est tout à leur avantage. Pour les vieux grincheux, durs de la feuille et lents à convaincre, sachez qu’il y a des tubes imparables « Be a Doll and Take My Heart », « Lay Your Head on my Chest », « Just Like Summer  » et « Magician » qui ne demandent qu´à être testés, comme il se doit, dans l’autoradio d’une voiture, les fenêtres ouvertes, un jour de soleil sur la route. Si vous vous retrouvez, comme je l’ai été, en train de chanter comme un perdu avec l’album tournant en boucle : c’est un bon album d’Herman Dune – avec ou sans tréma. Bien sûr, on regrettera toujours une guitare sœur et une voix frangine (écueil soigneusement évité ici par de subtils overdubs de guitares et de voix), surtout en concert. Mais je vous donne mon truc secret pour savourer d’autant plus ce « Strange Moosic » : quelquefois, dans le mix, j’imagine la voix et la guitare d’André…

Je n’ai pas encore l’album physiquement mais j’ai vu qu’il contenait les tablatures des chansons et les toujours superbes dessins de David, ce qui en rend l’achat plus que nécessaire (cf la bande dessinée du livret de « Novascotia Runs for Gold »).

Oui, je me suis réconcilié avec Herman Dune et j’ai envie de dire comme Amalric dans « Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) » : « allez, aujourd’hui, c’est kippour, je vous pardonne ». J’espère qu’ils me pardonneront en retour d’avoir douté de leur talent.

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