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Battles – Gloss Drop

Battles - Gloss Drop

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ? On pouvait craindre qu’avec le départ de Tyondai « fils de » Braxton, Battles ait perdu son identité. Il n’en est rien car Battles est avant tout un son, intact ici et c’est tant mieux. Ce qui devrait nous permettre de perdre cette mauvaise manie de vouloir coller l’essence d’un groupe à une figure médiatique.

Il s’agit donc bien d’un vrai second album de Battles, débarrassé de ses tics vocaux un peu agaçants et remplacés avantageusement par des invités de marque (Kazu de Blonde Redhead, Yamantaka Eye de Boredoms pour les morceaux les plus réussis mais aussi Matias Aguayo et Gary Numan pour surfer sur la hype). Battles avec « Gloss Drop » semble à la fois plus libre et plus inquiet. Les constructions sont toujours aussi tarabiscotées mais les compositions sont plus courtes et plus évidentes. Un peu comme si le math rock des débuts s’était changé en techno rock, de la techno faite avec des instruments rock qui n’hésiteraient pas à sortir des chemins battus (leur côté prog) et puiser dans la musique caribéenne, la soca, le soukous… On appréciera donc les concerts de claviers steel drums sur « Dominican Fade » ou « Rolls Bayce », comme dans un Esso Trinidad Steel Band sous ecstasy. Inquiet parce que le nouveau son de batterie de Battles est très mat, contrairement à celui de « Mirrored » où les percussions sonnaient très live. « White Electric », à ce titre, l’un des plus longs de l’album, tout en énergie rentrée et guitares furieuses est l’opposé du grand « Atlas ». L’humour n’est pas absent de « Gloss Drop », comme pour contrer les étiquettes de rock cérébral, par exemple dans la fin du « White Electric » déjà cité, dans l’intro dubesque « Sundome » hanté par la voix du cinglé notoire Yamantaka Eye, ou avec la blague « Ice Cream ».

Pour emmener les pleureuses de « Mirrored » sur les nouvelles voies défrichées, Battles a laissé des balises plus claires avec « Futura », »Africastle » ou « Inchworm » (certainement des restes des premières sessions de l’album) qui labourent l’esprit et s’insinuent durablement dans le cortex. Les fans de musique contemporaine ne seront pas en reste avec « Wall Streeet » et son ensemble de percussions et de claviers qui rappellent les concerts d’oiseaux d’Olivier Messiaen, soulignant le fait que les membres de Battles issus du jazz et du math rock n’ont pas d’œillères et que toutes les influences peuvent se mêler sans forcément donner de la « fusion » ou du gloubiboulga.

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