L’histoire est belle et rom-antique. Un des producteurs les plus en vue de la pop music actuelle (Danger Mouse) s’associe à un compositeur made in Italia (Daniele Luppi) pour rendre hommage aux bandes originales des films italiens des années 60 et 70, particulièrement à celles d’Ennio Morricone. Pour accomplir cette croisade quasi obsessionnelle, ils convoquent les musiciens survivants de l’époque ainsi que deux stars américaines plus ou moins « indé » (Jack White et Norah Jones) et investissent un mythique studio romain dans lequel ils travaillent, des années durant, sur un matériel analogique pour tenter de capturer quelques miettes de cette grâce qui irradiait les enregistrements seventies du maestro.
Le décor est planté, la (belle) histoire racontée mais le résultat – qui manque cruellement d’âme et de fantaisie – déçoit. On s’ennuie poliment à l’écoute de ces thèmes chics et nostalgiques, trop lisses pour susciter une émotion nouvelle. La comparaison avec Morricone tourne court, le mimétisme de la palette sonore du compositeur de « C’era una Volta il West » comme ligne directrice ne suffit pas à garder l’auditeur sur la distance. Bien sûr, il faut louer le talent des deux acolytes, leurs mélodies langoureuses et leurs brillants arrangements orchestraux (cordes, chœurs, orgues…) mais « Rome » ne dépasse qu’à de trop rares moments l’exercice de style pur et simple, aussi majestueux soit-il.