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Concerts

Soirée Microcultures/POPnews avec Hyphen Hyphen, Tokyo/Overtones, (Please) Don’t Blame Mexico et Angil, Glazart, le 9 juin 2011

Les plateaux avec quatre artistes, sur le papier, ça paraît toujours génial. « Mazette, quelle belle affiche ! ». Dans les faits, on est vite rattrapé par la réalité : il faut commencer tôt – le public n’est pas encore arrivé, ou pire, il musarde dehors à profiter du beau temps et à boire des bières en fumant des clopes – et comme on a claqué toute la thune pour les têtes d’affiche (rires), les artistes qui débutent sont obligés de venir tout seul parce qu’on n’avait pas de quoi payer plus de musiciens. Ah la la.

Angil

Après quelques titres qui peinent à accrocher l’attention, dont une reprise de Pavement (“We Dance”), Angil finit par s’animer. Son chant véhément, ses textes dégainés comme des armes, son jeu de guitare sec et précis finissent par habiter la salle, faisant oublier l’absence de The Hiddentracks. Entre reprises (Sparklehorse ou Neil Young), titres exhumés (“No More Guitars”) ou récents (“Jackson Jr. Redding”), Mickaël Mottet nous trimballe tantôt du côté hip hop de son oeuvre protéiforme (“In Purdah”), tantot dans des ambiances de pur folk. L’entrée en matière aura été progressive mais convaincante. (CG)

Tout seul avec un clavier électrique, Maxime Chamoux alterne chansons du disque de (Please) Don’t Blame Mexico et nouveaux titres EN FRANÇAIS, ce qui est courageux. Pas à l’aise (il l’avouera d’emblée), il convainc pourtant par un mélange d’humour minimal et de grande concentration, qui finissent d’asseoir une ambiance. Pas d’effusion ni d’attitude, mais une présence modeste qui suscite notre sympathie, et mieux : notre intérêt. Ce qui rend in fine la prestation touchante, c’est cette lutte entre la volonté visible de s’affirmer et celle, antithétique, de surtout n’y être pour personne. Voulue ou pas, cette maladresse fait le spectacle et me fait penser que Maxime a le potentiel d’être à la pop en français ce que Jean-Philippe Toussaint fut à « l’écriture Minuit » : pourvu qu’il accentue cette manière oblique, entre légèreté sentimentale et burlesque lunaire. A un moment il fait une reprise de William Sheller (« J’cours tout seul »), et là forcément pour moi il marque des points. Dans ce lieu, devant ce public, c’est osé. A tout prendre, c’est en tous cas autrement risqué que Pavement ou Sparklehorse (suivez mon regard)… Hé Maxime, si je peux me permettre un conseil : continue de chanter en français, ça te va bien. (MD)

Après deux sets intimistes qui nous ont permis de commencer la soirée en douceur, Tokyo/Overtones entre dans le vif du sujet. Le groupe est là pour présenter en avant-première The Underground Karaoke, son Lp en cours d’enregistrement, produit grâce à la collecte de fonds organisée par Microcultures (et qui se clot dans quelques jours.) Et dès les premières notes, le quintet parvient à séduire, à envoûter la salle entière. La tension est présente d’emblée, dans le rythme lancinant de 30Nerves, titre d’ouverture du concert et de l’album à venir. Entre la voix caressante de Laurent Ambroggiani, les guitares insistantes, les allées et venues des claviers, tout est là pour que la fièvre présente sur scène devienne dangereusement contagieuse. La mécanique est particulièrement bien rodée, les enchaînements impeccables, et pourtant, malgré ce perfectionnisme palpable, la performance reste humaine, chaleureuse, débordante d’énergie. Les Havrais font alterner les titres entêtants aux échos post-punk (Haziel Killer) ou électro (Into the Sun), les pauses brumeuses (Lemmings) et les rêveries teintées de folk (Citizens of the World), entrecoupant la visite guidée de l’Underground Karaoke de quelques retours en arrière. Notre DJ en vert popnewsien (Guillaume Sautereau) a même droit à une dédicace, à l’occasion de son anniversaire, mais aussi parce que POPnews a soutenu la formation normande depuis son premier album. La grande majorité des titres débouche sur le déchaînement total d’une salle entre hypnose et euphorie, de sorte que lorsque Laurent viendra chanter Red-Eyed Rabbit au milieu du public, pour une sorte de karaoke final, c’est une foule souriante et désinhibée qui lui répond en choeur. Que ce concert ait servi à montrer aux Microcultivateurs qu’ils contribuent à une bonne cause, à convaincre d’autres mélomanes de les rejoindre dans l’aventure, ou simplement à offrir au Glazart une parenthèse envoûtante, le set des Havrais était une réussite totale. (CG)

Samantha (Hyphen Hyphen)

Hyphen Hyphen a profité de la petite escapade en solo du chanteur de Tokyo/Overtones dans le public pour s’installer rapidement. Les quatre musiciens arborent un look néo-glam bien kitsch : le batteur a dû piquer en douce la pire robe des années 80 de Tata Christiane dans son armoire, le guitariste est en mini-jupe, collants et bandeau, les deux filles ont des peintures de guerre comme le Bowie d’ « Aladdin Sane ». Si le look de ces quatre jeunes gens laisse un peu dubitatif, leur performance scénique va bientôt effacer tout doute : rarement on a vu autant d’énergie et d’enthousiasme sur scène. Le quatuor venu de Nice, porté par sa chanteuse Samanta Cotta, va nous livrer une heure durant ses morceaux dansants, déstructurés, inventifs et bruyants (une mauvaise langue à mes côtés parle d’Acouphen Acouphen). Les membres du groupe sont ravis de voir que la salle danse sur leurs morceaux mêlant disco-punk, new wave, electro et rythmiques tribales. Mais comment résister ? Les quatre musiciens accomplis s’amusent sur scène, passant d’un instrument à l’autre, accompagnant la voix grave et impressionnante de la chanteuse de choeurs bien sentis ou réalisant devant nous une petite chorégraphie hilarante, pendant que le batteur se déchaîne. Hyphen Hyphen est un groupe qu’il faudra suivre, c’est sûr. Ce soir, leur prestation était tout simplement énorme ! (CDu)

 

 

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