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Concerts

Bill Callahan – Café de la Danse, 20 mai 2011

Attention, chère lectrice, cher lecteur, ce texte est volontairement potache, outrancier, excessif et même un peu olé olé sur les bords. Et pour cause, c’est une parodie de chroniques excessives, outrancières, potaches et olé olé, publiées sur d’autres supports (un peu) plus connus que POPnews. Derrière la forme sur le fil du rasoir, on trouve quand même des belles choses de dites sur Bill Callahan. Donc, on s’est dit qu’il y avait un intérêt à publier l’article, au-delà de la blague, en respectant la forme un peu brute souhaitée pour les besoins de l’exercice. Voilà, ça c’était la NDLR, si on veut. Place maintenant à l’auteur, Pierre qu’on connait bien comme artiste sous son nom, avec Marie (Pierre & Marie) ou autrefois avec The Urchins, et qu’on découvre donc ici en tant qu’apprenti-gonzo. 

Ceci est un compte-rendu du concert de Bill Callahan hier au Café de la Danse, et aussi une parodie de Pierre Siankowski, journaliste aux Inrocks qui pondait la semaine dernière quasi-quotidiennement une chronique dans le style gonzo en direct du festival de Cannes ; si vous trouvez que c’est vulgaire et de mauvais goût, c’est fait exprès : allez vérifier le modèle sur lesinrocks.com !

Salut les garçons (hééé oui je suis spécialement de retour de Cannes pour le concert de Billou « inspecteur » Callahan et les blagues sur les Portoss c’est un peu has been tu vois à la place je vais faire des blagues sur les pédaits, c’est trop cool Renato Renato Renato hahaha).

Je te préviens tout de suite j’ai une gueule de bois XXL alors viens pas trop me crier dans l’oreille hein ; c’est à toi que je cause Pierre oui : gentil.

À 19h27 tapantes je débarque devant le Café de la Danse, il y a déjà une queue (hahaha) longue comme la mienne, je la remonte (Renato Renato Renato tu me chatouilles hahaha) pour voir si par hasard y a moyen que je puisse checker my man untel et gratter tous ces connards mais queue (hahaha) dalle je connais personne je m’insère donc à l’extrémité juste derrière un type qui se vante bruyamment d’être infecté par le virus H1N1 c’est super cool mec t’en veux ?

Le Café de la Danse je te fais pas un dessin tu rentres, c’est genre un théâtre avec des gradins, limite on se croirait à Athènes chez ce gros dégueulasse de Sophocle tu vois, la sono diffuse un vieux Kraftwerk, c’est cool, je chope une place première catégorie et je regarde la foule bigarrée : des connards, des connards, des connards à perte de vue, je repère my man Wilfried « miss Annie » Paris, my man Renaud « hache burnes » Fuck Me Baby, my man Olivier « capitaine Haddock » Go Go Charlton qui a une barbe qu’on dirait la chatte à Emily en moins rugueux, my man François « French » Gallet, bref la fine fleur de l’indé lose parisienne ou d’ailleurs ; calme-toi Pierre, y t’ont rien fait, arrête de baver, gentil ; première partie anecdotique à base de grognasse en ensemble flou coordonné qui joue de la Groovebox en s’accompagnant vaguement à la guitare (Telecaster Thinline 72) et au chant (la la la, tu vois le truc, en un peu faux des fois) : à un moment elle dit en un français presque parfait « c’est la dewnière chon-sson », on entend un murmure d’approbation dans le public ; stoïque elle termine son morceau et se barre la démarche assurée malgré des talons de 20 cm au bas mot (Obama) sous les applaudissements hypocrites de la salle, instant cruel ; est-ce que Bill se la tape, j’avoue honteusement m’être posé la question.

La sono diffuse un vieux Kraftwerk, c’est cool, je checke une jolie poupée accoudée en haut au bar l’œil rêveur, si tu te reconnais baby écris au journal, du calme Pierre, gentil, tout à coup Bill déboule (hahaha), il chausse sa guitare (une guitare classique, elle a l’air neuve, profil 0 voire 00) tandis que ses deux musicoss s’assoient à sa droite : Neal Morgan (déjà entendu derrière Joanna Newsom) à la batterie et Matt Kinsey à la SG (modèle Standard Vibrato Heritage Cherry, ampli Fender Twin Reverb on dirait bien mais j’en mettrais pas ma queue à couper).

D’entrée de jeu ils exécutent un « Riding for the feeling » extrait du nouvel album et ça pose les conditions : Billou ultra concentré à la voix d’airain, musicoss à l’écoute au jeu à la fois précis, fin et économe, bref c’est du grand art ; d’ailleurs quelques connards hurlent un peu mais pas trop au début des morceaux lorsqu’ils reconnaissent, ça fait un peu concert de vieux pépés mais ça va ; tu t’es cru au concert des Black Lips ou quoi ?

Neal Morgan est vraiment un musicien extraordinaire, il m’avait bluffé avec Joanna Newsom à la Villette (le genre de mec qui n’a pas besoin de jouer pour être bon : même ses silences sont musicaux), même chose ici : à un moment Bill se trompe dans la set liste, direct le Neal change son fusil d’épaule et empoigne les baguettes adéquates mais avec un temps de retard évidemment, Bill le regarde de travers et fait la blague de la soirée « i need a new drummer for tomorrow », puis s’aperçoit que non en fait c’est lui qui s’est trompé dans la set liste, excuses, rires, Bill change d’accordage et d’harmonica (de fait il en joue très épisodiquement).

Le guitariste quant à lui est de la même eau : interventions toujours frappées au coin du bon goût qui donnent de l’espace aux chansons, un peu comme dans un film de Terrence Malick tu vois ; mais en réalité OSB des seconds couteaux, l’attention du public est entièrement tournée vers Bill, Bill, Bill qui s’est coupé les tifs qu’il porte franchement grisonnants et qui ressemble de plus en plus à Christopher Walken ; au programme : tous les morceaux du dernier (dont un « America! » d’anthologie, captain Kristofferson, buck sergeant Newbury, leatherneck Jones, sergeant Cash, ils sont venus ils sont tous là dans la salle au-dessus ou plutôt à l’intérieur de Bill), un florilège conséquent du précédent (« Rococo zephyr » magnifique, « Eid ma clack shaw » impitoyable, « Jim Cain » époustouflifiant, etc. etc.), le meilleur morceau de « Supper » sur lequel j’avoue avoir versé une larme tellement c’était intense (« it’s our anniversary, i leave it ajar ») et un titre de « A river ain’t too much to love » (« Say valley maker » pour ne pas le nommer). 

Fin du set avec un « Je veux voir les poulains » d’anthologie (terme qui comme opus ou combo doit être employé au moins deux fois dans toute critique rock qui se respecte), applaudissements à tout rompre, ils reviennent avec un « The well » splendide (qui est donc le troisième morceau extrait de « A river ain’t too much to love » pour ceusses qui suivent attentivement, Pierre réveille-toi c’est bientôt fini) puis tel un empereur romain Bill dit « We are now ready to take requests — in standard tuning » : la foule énamourée beugle à tout va, on n’y comprend rien, Bill temporise et se fend finalement de « Sycomore » — j’aurais préféré « Blood Red Bird », « Cold Blooded Old Times » ou autre « Bloodflow » mais ne faisons pas la fine bouche, ils terminent par un « Bathysphere » d’anthologie.

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