J’avais découvert le groupe Dark Dark Dark avec leur premier album « Love you, bye. », en 2008. A l’époque, c’est le petit label toulousain What a Mess Records qui en assurait la sortie française. Les ingrédients actuels étaient déjà là, posés les uns à côté des autres, en attendant qu’un cuisinier de renom vienne les faire goûter au plus grand nombre. C’est ainsi que l’on retrouve désormais le groupe sur le label Supply & Demand, aux côtés de Vandaveer.
Changement de label qui n’appelle pas de changement de direction musicale, car la musique de Dark Dark Dark reste hantée par de beaux démons, de ceux qui attisent les flammes du passé d’une voix lyrique et poignante, ici portée par une douce ligne de piano (« Daydreaming », « Robert ») ou là-bas déchirée par un rythme de batterie qui s’épuisera avant elle (« In Your Dreams »).
Ce qui frappe le plus à la première écoute du disque, c’est la facilité avec laquelle le groupe s’approprie des arrangements centenaires, la richesse d’inspirations que leur offre un pays qui s’est construit à la force de mouvements migratoires importants, amenant au passage autant de diversité culturelle. Car oui, on devine les influences de Dark Dark Dark à chaque inflexion de voix, chaque bémol d’accords. A la manière de Beirut, ces musiciens mondialisent leurs chansons, faisant se rencontrer l’Europe et l’Amérique autour d’un feu que l’on voit grossir à mesure que les morceaux défilent. Ils portent ainsi à nos oreilles des mélodies toutefois plus mélancoliques que celles de Beirut, à l’image de « Wild Go », composition qui donne son titre au disque. Comme un symbole de la maturité de cette joyeuse bande, elle vient clore l’album par un texte prônant la nature, cette dernière reprenant ses droits en détruisant les vestiges de l’humanité. « Times are different now… », répète Nona Marie Invie. Différent, oui, car désormais Dark Dark Dark nous accompagne dans sa reconstruction.