C’est l’histoire d’un boxeur, ou presque.. Il existe quasiment autant de types de boxeurs qu’il y a de combattants. Mais schématisons un peu : faisons comme s’il y avait les grands costauds au souffe court et aux mains comme des enclumes, et de l’autre côté les petits abeilles, qui tournent, allongent les bras et tapent plusieurs fois de façon sèche.
Cvantez est un groupe comme ça. Trio français, avec au chant et à la guitare Cyrielle, et derrière elle Olivier (guitare, à l’origine du projet) et Xavier (batterie). Les armes du groupe sont certes classiques, mais en matière pugilistique, elles sont diablement efficaces. La voix de Cyrielle a en elle un venin qui s’insinue de façon pernicieuse, quand les guitares et la batterie ne manquent ni de souffle ni de précision. Sans esbrouffe (on peut les rapprocher d’une Shannon Wright ou d’une Vale Poher pour la sècheresse des morceaux), mais sans tomber non plus dans l’excès de rudesse, Cvantez fait le poids sans jamais trop en faire. C’est mélodique, et l’ensemble rappelle la grâce d’un Mohammad Ali sur un ring : le groupe se livre, se découvre et tape (« Positions », « She Had a Story », la batterie de « Leave You » qui halète et enchaîne) avant de s’écarter, de reprendre un peu son souffle et laisser l’adversaire se fatiguer (« James Stewart Story », « Tigers » et le final « Lucretia », beaux à couper le souffle). Oui, il y a de tout cela dans ce disque : de l’ardeur, de la beauté (elle se loge partout, dans les détails des guitares, dans le chant sensuel, dans le martèlement de la batterie) et beaucoup de courage. Si la boxe est le noble art, alors Cvantez en est un très beau représentant.