Pourquoi pas le Brésil ? se demandait Laetitia Masson en ouverture de l’un de ses derniers longs métrages. Même si le film nous a plongé dans une léthargie dont a eu le plus grand mal à s’extirper, on est quand même en droit de s’interroger nous aussi : pourquoi pas le Brésil à POPnews ? Ben parce que quand on pense Brésil, on pense bossa nova, tropicalisme, samba ou éventuellement « futebol » mais rarement indie-pop. Mise à part quelques succès de Rita Lee dans les 80 ‘s (l’irrésistible « Lança Perfurme »), on serait bien en peine de citer un groupe pop en portugais dans le texte qui soit arrivé jusqu’à nos oreilles ces dernières décennies.
Pas de panique : pour remédier à cette carence culturelle, voici Duplodeck, un groupe brésilien totalement underground là-bas qui, grâce à la magie d’internet, l’est désormais aussi un peu chez nous. Duplodeck, c’est six musiciens qui, de 2001 à 2005, ont composé un nombre incalculable de chansons et en ont enregistré une poignée qui se retrouvent aujourd’hui reliftées sur cet EP inaugural. A l’intérieur : deux titres chantés dans leur langue natale, deux titres dans celle de Ringo Starr, une production évidemment approximative et des influences comme Pixies, Comet Gain ou Deerhoof. Si « Strange Girl » et « A Good Man is Hard to Find » lorgnent vers un shoegazing forcément déjà entendu mais néanmoins efficace, « Nouvelle Vague » est une petite perle qui renvoie directement au Stereolab des débuts : un enchevêtrement de claviers analogiques et de mélodies légères et psychés où surnage une voix féminine qui n’est pas sans rappeler celle de la regrettée Mary Hansen. En creusant dans cette direction pour son futur premier album, l’avenir du groupe s’annonce sous des hospices radieux.
Terminons avec un détail qui fera fondre tous mélomanes un peu sensibles : le label brésilien Pug publie l’EP sous forme de « handcrafted » K7, soit ces bonnes vieilles casettes audio à bande magnétique. Si romantique.